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Grèce


Fabien Chabreuil

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Fabien Chabreuil

Bonjour à tous,

Je ne connais pas vraiment la Grèce. Nous avons eu un stagiaire de ce pays qui estimait que la culture de la Grèce était d'ennéatype 7. Comme c'était aussi son profil, une identification était possible.

Pourtant Patricia avait, dans sa vie professionnelle antérieure, travaillé dans une entreprise semi-publique qui était en contact avec son homologue grec. Les personnes chagées de travailler avec les Grecs se plaignaient que ces derniers n'étaient disponibles que s'il n'y avait pas quelque chose de plus intéressant à faire comme boire un coup, draguer une jolie fille, etc. Bref l'hypothèse 7 ne déplaisait pas à Patricia.

Je viens de lire un petit livre sur la culture grecque qui n'infirme pas cette l'hypohèse.

Les auteurs principaux sont Adéa Guillot, l'actuelle correspondante en Grèce du Monde, Arte TV, Le Soir et autres, et Françoise Arvanitis, un écrivain qui fut correspondante en Grèce de La Croix, L'Express, La Repubblica, Le Soir et France Culture. Leur texte est complété par des entretiens avec Nikos Alivizatos, un avocat spécialiste en droit constitutionnel qui enseigne à l'Université d’Athènes, Nikofouros Diamandouros, un sociologue qui est professeur de Sciences politiques et d'administration publique de la faculté d'Athènes, et Takis Théodoropoulos, un écrivain et éditorialiste au grand quotidien grec Kathimerini.

Voici quelques extraits dans l'ordre où ils apparaissent dans le livre avec une indication des différentes parties de l'ouvrage :

 

Adéa Guillot & Françoise Arvanitis


Il me semble avoir déjà emprunté aux Grecs cette lumineuse capacité à l'émotion, à voir du beau, à mettre de la poésie dans un quotidien pourtant particulièrement mouvementé.

[…]

Vous ne trouverez pas un Grec qui ne vous dira à quel point son pays est beau et bon.

[…]


Les Grecs — et c'est une qualité — savent prendre ce temps-là. Le temps du plaisir.

[…]

L'orgueil du peuple grec est de se croire « différent ». En proie aux pires avatars de son histoire, sans carte ni territoire sur lesquels apposer le mot même de Grèce, il n'a jamais perdu cette conscience de soi.

[…]

La culture du tout ou rien, l'affrontement comme mode dominant de traitement des conflits sont profondément ancrés dans les comportements nationaux.

[…]

Dans ce pays de 11 millions d'habitants, la débrouille individuelle est la règle de vie de la majorité.

[…]

L'aspect quelque peu chaotique de la capitale exprime bien ce tropisme individualiste du peuple grec. À Athènes, chacun aménage son propre espace sans tenir compte de l'ensemble. Des règles existent. Elles prévoient des autorisations précises pour toute construction ajoutée au bâtiment d'origine, particulièrement aux façades. Mais les Athéniens les violent allègrement, tant le désir de se mettre à son aise et à son goût propre s'imposent comme l'absolue priorité.

[…]

La convivialité est dans la nature du peuple grec, toute provenance géographique confondue.

[…]

« La liberté ou la mort » fut le mot d'ordre de toute une époque. Il reste un des marqueurs de la culture grecque.

[…]

Lorsqu'ils se trouvent, comme c'est le cas, au cœur des ténèbres, les Grecs témoignent d'une remarquable aptitude à rebondir. C'est qu'ils possèdent une force cachée, une pulsion de vie qui laisse peu de place à la morosité. À cela s'ajoute un don reçu en héritage, l'amour de la musique. […] Mais ce n'est pas seulement le fait de bien chanter, composer, jouer qui caractérise les Grecs, c'est leur façon de partager le plaisir ou l'émotion qu'ils ressentent ensemble.

Entretien avec Nikos Alivizatos


Notre poète national Solomos a eu ce mot: les Grecs sont panda efkolo pisteftos, que l'on pourrait traduire par « naïf » ou « crédule ». Le Grec est très sentimental. Et les valeurs familiales sont importantes.

[…]

Pour vous quelle serait l'âme des Grecs ?
Une âme en contradiction. Un peuple en pleine contradiction qui souhaite combiner des éléments tout à fait contraires. Ici la raison est souvent secondaire. Les Grecs se laissent guider par l'émotion et c'est certainement la raison pour laquelle la Grèce reste aimée en Europe. […] Notre joie de vivre nous sauvera sans doute de cette crise.

Entretien avec Nikiforos Diamandouros


C'est quoi cette façon de vivre orthodoxe pour les Grecs ?
Cela implique une vision de la vie et de l'histoire assez traumatisée. L'orthodoxie se vit comme une communauté qui a subi plusieurs traumatismes à travers les siècles. Avec le schisme d'abord puis avec la quatrième Croisade, les peuples orthodoxes ont eu tendance à vivre historiquement comme à la frontière de la chrétienté. L'orthodoxie confère aussi une dimension défensive. Littéralement conservatrice. Dans le sens où le dogme doit être préservé, conservé. On observe une réticence à la mutation. Cela explique en partie cette propension du peuple grec à la résistance. Contre l'Empire ottoman. Contre les puissances étrangères. Contre l'occupant allemand. Contre les diktats extérieurs. Les Grecs ont le sentiment d'avoir toujours dû subir, d'avoir été des victimes.

[…]

Mais il y a aussi une mentalité grecque troublante pour moi : « Mon rôle c'est de jouir, celui de l'État de me restreindre. »

[…]

Dans la tradition orthodoxe, le mystère, le mysticisme même, prime. La responsabilité individuelle est basée sur la raison. Or chez les orthodoxes, l'on commet un péché si on se base sur la raison, parce que l'on cherche à remplacer Dieu ! Quel impact sur les comportements contemporains ? Cela peut au moins expliquer une tendance à la jouissance, et une certaine inconséquence par rapport aux lendemains.

Entretien avec Takis Théodoropoulos


Finalement vous décrivez un peuple plutôt superficiel. C'est un constat très dur…
Tout à fait superficiel !

 


Très amicalement,
Fabien

Source : Adéa Guillot & Françoise Arvanitis. Grèce : La nouvelle odyssée. Bruxelles (Belgique), Nevicata, 2013. [Version Kindle]

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Bonjour Fabien,

 

Je ne suis pas non plus un connaisseur de la Grèce. J'avais lu il y a deux ans un article sur la Grèce très intéressant du point de vue de la spirale dynamique, moins depuis celui de l'Ennéagramme. Je viens de passer le début de la matinée à le rechercher. J'en extrait juste une phrase : "Le travail, c'est un peu un péché", dit le philosophe grec Stelios Ramfos à propos des traditions du pays.

 

Comme dans tes citations, l'article décrit les Grecs comme des "sentimentaux" qui ne s'intéressent guère à la raison, ce qui ne me semble pas incompatible avec l'hypothèse 7 si on fait une analyse prenant en compte à la fois l'ennéagramme et la spirale dynamique.

 

Très amicalement,

Wallace

 

Source : Stelios Ramfos & Richar Verly, "La crise grecque est culturelle", Coulisses de Bruxelles, 14 juin 2012.

Wallace - 6 aile 7

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Fabien Chabreuil

Bonjour à tous,

 

Merci Wallace pour ce complément. Dans l'ouvrage que je cite comme dans ton fort intéressant article, beaucoup d'informations relèvent plus de la spirale dynamique que de l'ennéagramme. Il semble que la différence de positionnement sur la Spirale entre la Grèce et les pays d'Europe comme la France ou l'Allemagne, soit énorme.

 

Très amicalement,

Fabien

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  • 2 months later...
Stéphanie Auxenfans

Bonjour à tous,

 

Lire vos messages m'a tout de suite fait penser à Zorba le Grec. Ce film, dont le personnage principal, Zorba, est joué par Anthony Quinn en 1964, est adapté du roman de Níkos Kazantzákis.

 

Zorba est l'homme de tous les plaisirs. Il rit, il danse, il chante, il aime faire la fête, il aime la bonne chère, il aime l'amour. Il fait ce que bon lui semble quand il en a envie, et n'aime pas les contraintes. Il dit oui à la vie pour tous les plaisirs qu’elle lui apporte.

« L'homme doit avoir un brin de folie, ou alors il n'ose jamais couper la corde et être libre. » (Zorba le Grec)

 

Zorba est une belle illustration d'un ennéatype 7.

 

Très amicalement,

Stéphanie

Stéphanie – E3 alpha, aile 2, C+/- S+ X++

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Bonjour Stéphanie,

 

Je ne sais pas si Zorba est représentatif de la Grèce mais c'est effectivement très probablement un beau 7. Juste deux autres de ses répliques pour le fun :

  • « Pourquoi ! Pourquoi ! On ne peut donc rien faire sans pourquoi ? Comme ça, pour son plaisir ? »
  • Quand on lui demande son métier : « Tous les métiers : du pied, de la main, de la tête, tous. Manquerait plus que ça, qu’on choisisse. »

 

Et puis j'ai une admiration particulière pour Anthony Quinn qui avait interprété le fameux sirtaki du film alors qu'il s'était « tordu le pied sur un pavé du quartier touristique de la Plakka, à Athènes », blessure qui obligea quand même Mikis Theodorakis à changer le rythme de la danse.

 

 

Très amicalement,

Fabien

 

Source : E. P., « La véritable histoire du sirtaki », DHnet.be, 22 décembre 2004.

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  • 9 months later...
Fabien Chabreuil

Bonjour à tous,

 

J'ai lu hier soir un article sur la multiplication des dépressions et des suicides en Grèce dus à la crise économique et aux secousses politiques et diplomatiques actuelles. Dans sa conclusion, Katerina Valavanidi, une psychologue-psychothérapeute exerçant à Athènes répond à la question « Comment soigner la Grèce ? » d'une manière qui va dans le sens de l'ennéatype 7 probable de la culture du pays :

 

Katerina Valavanidi a dit :

La crise est loin d'être terminée malheureusement, et les Grecs ne retrouveront pas de sitôt l'hédonisme qui les caractérisait, cette faculté à se réjouir des petits bonheurs du quotidien, un bon verre de vin ou un bon plat… Malgré tout, ils tentent de se soigner par eux-mêmes, en étant solidaires et en s'entraidant. C’est le meilleur anti-dépresseur et le seul qu’il reste vraiment : en aidant les plus démunis, on retrouve le contrôle de soi-même, une utilité, et on redonne du sens à son existence. La société finit toujours par s'adapter aux pires difficultés et développer une créativité salvatrice. Même avec des larmes dans les yeux, les Grecs gardent une chanson au fond de leur cœur. L’espoir ne disparaît jamais…

Alors, réécoutons la grande Melina Mercouri : « Chez moi là-bas au bord de l'eau, / On joue toute la nuit. »

 

 

Très amicalement,

Fabien

 

Source : Katerina Valavanidi (interviewé par Ismaël Mereghetti & Daphnée Breytenbach), « Des milliers de Grecs se sont suicidés plutôt que de subir la crise », Rue89, 11 juillet 2015

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