Manque d'estime de soi, cause ou conséquence ?

[Mdo]

Bonjour à tous !

 

Je réfléchis beaucoup au manque d'estime de soi, qui, semble-t-il, est récurrent chez le 4, même quand il se donne de grands airs flamboyants pour être remarqué dans le paysage !

 

La phrase que j'ai dû penser ou dire le plus souvent dans toute ma vie : "Les autres sont mieux que moi."

 

Il y a un jour, je m'en souviens parfaitement alors que ça remonte à mon enfance, où j'ai décidé une fois pour toutes que j'étais défectueuse, et qu'il me manquait quelque chose que les autres avaient, qui m'aurait permis d'être aimable. C'était à cette époque et à mes yeux, la seule explication plausible de ce que je vivais.

De plus, pour éviter critiques et/ou moqueries, j'ai le plus possible évité d'agir, sauf pour ce qui avait de l'importance à mes yeux, où encore maintenant je suis capable de me démener considérablement. Ce qui ne contribue pas à s'estimer beaucoup.

 

Alors, une vie avec le manque, la colère, l'envie, compensés tant bien que mal par des efforts pour être remarquée, aimée, principalement en marquant ma différence, bien sûr…

 

Beaucoup d'années plus tard (!), mon observateur intérieur que j'active régulièrement (enfin, j'espère) me fait prendre conscience du nombre de fois par jour où apparaissent le manque, l'envie, la compétition et la honte, aussi, et où automatiquement je m'agite pour paraître extraordinaire et remarquable.

 

Je me dis : "Attaquons de face, et affrontons la peur de n'exister pour personne, de ne pas avoir d'importance." Quand je me surprends à avoir besoin d'attirer l'attention, je me recentre sur mes valeurs et essaie d'agir en conséquence, au lieu de faire n'importe quoi pour être vue. Je ne sais pas si ça change quelque chose dans le regard des autres, mais j'ai quelques moments où je me sens plus sereine, plus joyeuse, plus centrée, un peu plus libre, au moins de temps en temps…

 

Bien sûr, du coup le manque et l'envie me semblent plus présents (vouloir être différente devait faire masque). J'essaie de traverser ces émotions sans réagir, ou au moins en retardant la réaction, et j'essaie de mettre en doute la réalité de ce qui cause le manque ou l'envie (est-ce que le manque est réel, ou est-ce que je l'imagine à travers mes filtres de 4 ?).

 

J'essaie aussi d'agir, qui me demande beaucoup d'efforts, sauf quand je suis très intéressée. Je dois lutter contre la certitude tenace que mes actes ne changent rien et n'ont aucun effet. Cette certitude me plombe et alimente ma honte de moi…

 

Et revoilà sous tous ces niveaux la question du manque d'estime de soi qui revient. Oui, je me surprends toujours et encore à penser que je suis défectueuse, que les autres sont mieux que moi…

Je me dis que peut-être, c'est aussi une question de filtre ? Ou alors une définition de mon identité, une manière d'exister, même négative (être encore différente !) ? Ou encore une croyance de base qui fait vraiment partie de moi ? Ou pour finir, l'ultime défense de l'ego (laisse tomber, de toute façon tu n'es pas capable !), quand il commence à se sentir (très légèrement) menacé dans sa première place ????

 

Amitiés à tous,

Mdo

[Fabien Chabreuil]

Bonjour Mdo,

 

"Je me surprends toujours et encore à penser que je suis défectueuse, que les autres sont mieux que moi…"

Il importe de séparer ces deux croyances qui, bien que fausses toutes les deux, sont distinctes. En effet, toutes les combinaisons sont possibles :

1. Je suis défectueuse, et les autres sont mieux que moi.
2. Je suis défectueuse, et les autres aussi (voire encore plus).
3. Je suis convenable, et les autres sont mieux que moi.
4. Je suis convenable, et je suis mieux que les autres.

La première de ces croyances est proche de la false core contre laquelle s'est construit. Lutter contre cette croyance ne fait que renforcer l'ego. La seule solution est de se désidentifier simultanément du couple false core-ego, comme nous le voyons au stage Néti Néti.

 

Par contre, tu peux travailler sur la croyance que les autres sont mieux que toi. D'abord, à l'aide des techniques du stage Éveil, tu peux déconstruire les transes par lesquelles elle se manifeste. Ensuite, tu peux méditer sur que signifie cette croyance en lien avec "la peur de n'exister pour personne, de ne pas avoir d'importance". Qu'est-ce que cela dit sur tes valeurs ? Estimes-tu les autres quand tu penses cela ?

 

"Je dois lutter contre la certitude tenace que mes actes ne changent rien et n'ont aucun effet."

Il y a là un troisième élément qui est le manque d'espérance lié à la répression du centre instinctif. Tu peux comencer à dresser une liste de tous les actes de ta vie qui ont eu un effet positif, l'afficher, la relire régulièrement, et bien sûr la compléter tout aussi régulièrement en fonction de ta vie actuelle et de tes souvenirs. Il ne s'agit pas d'avoir sauvé le monde, mais de prendre en compte les petites choses de l'existence : par exemple, hier à la boulangerie, la vendeuse avait l'air triste ; je lui ai souri, je me suis enquis de son état et j'ai échangé quelques mots avec elle ; quand je suis parti, elle était souriante ; même si cela n'a peut-être pas duré, j'ai eu un effet positif sur quelques minutes de sa vie et j'en suis content. Toi, hier, tu as posté un message sur ce forum qui a intéressé au moment où j'écris plus d'une dizaine de personnes : tu n'as pas perdu ta journée.

 

Très amicalement,

Fabien

[Mdo]

Bonjour Fabien, merci pour ta réponse.

Il y a du travail et tout ça me parait bien imbriqué… Un mauvais cercle où tout se renforce : par exemple difficulté à agir (même et surtout les actes simples — trop banals ? — de la vie de tous les jours), donc pas trop de raisons d'être fière ou contente de moi, donc dévalorisation, donc impression que ce que je fais n'a pas d'importance et ne changera rien, donc difficulté à agir, etc.

Ce qui me pose question, c'est que tu me parles de mon estime des autres quand je me sens défectueuse, pense que les autres sont mieux que moi (ils ont quelque chose qui me manque, mais je ne sais pas du tout ce que c'est, waouh le filtre du manque et l'envie), et crains de n'exister pour personne.
Tout ceci m'empêche de les estimer pour ce qu'ils sont ? Je ne les respecte pas quand je pense ça ?

Honnêtement, j'ai la réponse en relisant cette phrase…

Intéressant !

Amitié à tous,
Mdo