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Compulsion et unicité


Kayla

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Amis de l'Ennéagramme, bonjour ! :wink:

J'aimerais partager avec vous une prise de conscience récente concernant la compulsion d'évitement de la banalité. Je me souviens qu'au départ j'avais eu du mal avec ce mot, car il ne me parlait pas du tout. J'avais bien vite compris que c'était de l'ergotage et une simple question de vocabulaire, j'avais pour ma part plutôt l'impression d'éviter la médiocrité.

Mais ces derniers jours, je me suis rendue compte combien en fait, c'est dans le fait d'être la première à vivre telle ou telle chose, ou d'être la première à partager avec quelqu'un une émotion forte que je vis le plus souvent ma compulsion !

Deux exemples :

  • Une très bonne amie met en place un projet que j'ai à cœur depuis deux ans. Elle a la possibilité de le faire maintenant, moi pas. Évidemment, je me réjouis pour elle mais je me sens surtout très mal parce que même si je le mets en place après, je ne pourrais plus être la première à l'avoir fait, au moins un temps. Du coup, le projet revêt soudainement moins d'attrait. J'en ai toujours envie mais je ne pourrais plus jamais être la première à le réaliser. Bien sûr, un petit coup de mensonge de l'aile 3 et hop : "Mais si, tu seras toujours la première puisque tu le feras ailleurs, toi ! " Mais l'observateur intérieur étant bien en place, je m'en suis rendue compte tout de suite. Et de ce que je vivais, et de cette tentative du mensonge à moi-même, et de tout le reste ! Et j'ai donc pu, après coup, féliciter cette amie, mais sur le moment… :blush:
    Je suis heureuse pour cette amie, donc je culpabilise de ressentir cela, mais la souffrance de l'ego est là et bien là. Et depuis, je travaille sur les transes associées et tente de prendre de la distance avec ce ressenti. J'ai besoin de faire un double travail de pardon, sur moi-même et sur cette amie. Et aussi les exercices du stage Libération, notamment un travail de deuil de la partie "première fois" du projet.
  • Une autre amie, très proche, vient d'apprendre une nouvelle qu'elle espérait depuis longtemps. Elle me dit aussitôt qu'elle a hâte de la partager avec moi, qu'elle déborde d'émotion de joie ! (Elle, qui, en plus réprime l'émotionnel.) Mais nous ne pouvons nous retrouver que cet après-midi. Entre temps elle travaille et doit voir un ami. Eh bien, ce matin, j'ai fait le crochet par chez elle pour être la première, ne serait-ce que deux minutes, à partager cette émotion avec elle. Je me suis aussi rendue compte sur le moment, hier soir, de ce besoin d'être la première à partager son émotion. Et c'est donc en toute conscience que j'ai décidé ce matin de faire le détour, je lui ai d'ailleurs dit que j'avais trop envie d'être la première à partager cette nouvelle avec elle ! Nous en avons souri l'une et l'autre. Nous retrouverons ce soir et aurons alors tout le temps, vraiment le temps, pour savourer cette nouvelle pleine d'émotions, mais j'aurai été la première !

Je me rends donc compte que l'expression de ma compulsion ne se manifeste pas tant dans le besoin d'être la seule, l'unique, que dans le besoin d'être la première, même si ce n'est que pendant un temps. Surtout quand il s'agit d'émotions. Évidemment, mon centre préféré s'accapare encore le gros du vécu et du besoin de vécu !

 

Si je repasse le film d'évènements ou de périodes dont je peux me souvenir : je ne souffre pas tant que mes proches vivent des choses avec d'autres personnes, mais j'ai besoin que la première fois, ce soit avec moi. Or, c'est bien là l'expression du centre émotionnel tournée vers l'intérieur, de quel droit puis-je demander ça à l'autre ? :blush::idontthinkso: Après tout, elle pourrait bien avoir envie de vivre cette première fois avec quelqu'un d'autre ou de partager une nouvelle avec quelqu'un d'autre que moi, etc. ! (Par exemple, une première pratique de sport extrême, une première visite dans un pays étranger où elle rêve d'aller, l'obtention d'un diplôme, etc.) C'est encore pire quand nous aurions dû partager cette première fois et que les circonstances font que la personne le vive avec quelqu'un d'autre ! :cry: Je sens bien là que ce genre de situation (ré)active en moi mon instinct sexuel (Compétition pour le 4) ! L'activation de cet instinct a d'ailleurs comme pouvoir associé d'activer mon centre instinctif : par exemple me préparer, sortir, marcher, et même faire un long détour, si c'est nécessaire pour satisfaire la compulsion. En cas de désintégration externe (en 2 donc, pour moi), ça peut être un besoin d'être la première à soutenir l'autre dans un deuil, une perte, une mauvaise nouvelle, à passer un mauvais cap… Il y a une réelle empathie, un réel désir d'accompagner l'autre, mais aussi, quelque part, bien caché, un orgueil quand je suis la première à le faire…

 

En gros, puisque de toute façon la réalité fait que je ne peux pas être la seule et l'unique, alors je dois être la première. C'est nul comme attitude ! ("Est-ce que c'est nul ? Est-ce que ce n'est pas nul ?"…)

Je viens de mettre le doigt sur quelque chose d'essentiel dans mon fonctionnement, et je me suis dit que cette prise de conscience pourrait aider d'autres 4, ou d'autres personnes qui sont proches de 4. :wink:

À bientôt. :bye:

E4 α, ailes 5 et 3, C-/=, S-/=, X+/-

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Bonjour à tous,

 

Merci Kayla de ce témoignage. Comme tu le soulignes, cette attitude est la conséquence logique de la conjugaison de la compulsion, de l'aile 3 et du sous-type sexuel, mais avec un exemple, mieux deux exemples, c'est tout de suite plus clair.

 

En tout cas, même si le sujet a déjà été évoqué plus ou moins indirectement, tu es la première à parler en détails de ce thème sur ce forum ! :rofl:

 

Très amicalement,

Fabien

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Bonjour à tous,

Merci Kayla de ces exemples de fonctionnement bien éclairants. Et je note qu'en tant que 2 mu (me désintégrant en 4), il peut m'arriver d'avoir des ressentis proches en activant d'autres mécanismes. Si je me rends compte que je suis la première à réaliser quelque chose, mon orgueil est flatté et si, en plus, c'est par rapport à quelqu'un qui m'est cher, mes instincts sexuel et de conservation sont bien activés.

Deux exemples :

 

J'ai sauté une classe primaire (et j'ai redoublé 3 ans après sans doute pour me remettre à niveau :wink:), et je me suis dit alors que j'étais la seule de la famille à qui cela arrivait notamment par rapport à ma sœur très proche qui a deux ans de plus que moi et avec qui nous étions très fusionnelles pendant ces années-là. Orgueil, dédain… et dans le même temps j'ai utilisé mon mécanisme de défense (répression) en estimant que je n'étais pas quelqu'un de bien en ayant ce ressenti-là. Je n'identifie pas comment ma compulsion de non reconnaissance de mes besoins s'exprime alors, alors que je vois celle de mon type de désintégration "je ne suis pas comme tout le monde".

J'ai travaillé en agence de communication. Nous avons décidé au comité de direction de développer notre communication (en plus de celle de nos clients). Il fallait accompagner notre président dans différentes actions de meilleure expression pour lui et d'interviews. J'ai été choisie pour être à ses côtés. Tous mes instincts ont été activés :laugh: : avoir le privilège d'être retenue pour avoir un contact direct régulièrement avec lui et être son éminence grise… Orgueil, dédain bien sûr.
Une utilisation équilibrée de mes centres (pour lui) : j'étais là pour l'aider, être vigilante sur les messages qu'il développait en mettant en place les actions nécessaires.
Pendant la période, une remarque du président m'a fait toucher du doigt ce que je vivais (je ne connaissais pas l'Ennéagramme alors) : "Il n'est pas nécessaire de faire remarquer [au comité de direction] notre forte connivence…" Je me suis employée à trouver ma juste place…
Une fois encore : où est ma compulsion ? J'apprenais des choses différentes à ses côtés en terme de communication qui enrichissait mon expérience tant personnelle que professionnelle. Alors que "c'est la première fois que l'on fait ce type d'actions et elles sont assez originales…." était présent.

Identifier la non-reconnaissance de mes besoins n'est décidément pas une chose facile…

Amicalement,
Odile

Odile E2 mu, aile 1, C+ S++ X=

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Bonjour Kayla, Odile et Fabien, bonjour tous,

Bravo Kayla pour cette superbe analyse !  :miam:  :bravo: Elle affine ma connaissance de l'Ennéagramme.

Odile, je te conseille le conseil donné par Fabien dans le quatrième paragraphe de ce message-ci.

As-tu besoin d'une liste d'exemples de non-reconnaissance de besoins ?

Amicalement,
Yves

Yves (E5 alpha, ailes 4 et 6, C- S= X-/+)
"Attendre d'en savoir assez pour agir en toute lumière, c'est se condamner à l'inaction." (Jean Rostand)

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Bonjour à tous,

 

"As-tu besoin d'une liste d'exemples de non-reconnaissance de besoins ?"

Dire cela à un 2, magnifique exemple de communication paradoxale ! :bravo:

 

Très amicalement,

Fabien

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Bonjour Yves, Fabien et tous les autres,

Merci de me rappeler cet exercice que j'avais mis un peu de côté pour moi… que j'ai eu du mal à appliquer quand j'ai travaillé sur mes besoins (je ne connaissais pas alors l'Ennéagramme) et avec lequel j'ai un peu avancé, car aujourd'hui je connais mieux mes besoins… alors que j'ai encore du mal à identifier quand j'évite de les reconnaître ! Et pour poursuivre dans le paradoxe, c'est un exercice que je donne souvent aux coachés que j'accompagne car c'est un bon révélateur de prise de conscience. :laugh:

En échangeant et travaillant avec une amie sur le sujet, elle m'a permis de pointer et de mieux comprendre le mécanisme que je mets en place quand je prends conscience de la répression (aussi difficile à identifier). Je poursuis mon travail dans ce sens.

 

Un exemple : j'envisage un projet de voyage avec un ami. Il me propose d'y associer d'autres amis. Je lui réponds au final "pourquoi pas…". Une belle répression de mes besoins car j'ai envie de partager des moments seuls avec lui, et pas avec les autres (coucou mon instinct sexuel) même si je les trouve fort sympathiques au demeurant. OK avec le mécanisme, Fabien ? :happy:

 

Pour aller plus loin, je vais reprendre mes écrits.
Et oui, Yves, je suis preneuse de tes exemples, j'irai sans doute plus en profondeur. :wink:

 

Bonne journée,
Amicalement,
Odile

Odile E2 mu, aile 1, C+ S++ X=

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Bonjour à tous,

"J'ai envie de partager des moments seuls avec lui, et pas avec les autres (coucou mon instinct sexuel) même si je les trouve fort sympathiques au demeurant. OK avec le mécanisme, Fabien ?"
Oui Odile, OK pour la non-reconnaissance des besoins, mais es-tu certaine de les trouver "fort sympathiques" lesdits amis, ou du moins assez sympathiques pour faire un voyage avec eux ? Ou y aurait-il une once de répression émotionnelle ?

 

Très amicalement,

Fabien

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Ben oui, déjà celle que j'ai notée est une répression de mes besoins d'avoir envie d'être seul avec lui, donc une répression émotionnelle me semble-t-il. Ce sont d'origine des amis d'enfance pour lui, avec lesquels nous avons passé 4 jours ensemble, vraiment sympas… mais je m'interroge sur tout un voyage, je l'avoue ! Je n'ai pas identifié l'ennéatype de l'ami homme C. mais j'ai du mal à accepter, pour faire de l'humour, son dénigrement régulier de jolies choses potentielles sous forme de test souvent sans exprimer de contentement, particulièrement quand il est avec plusieurs personnes. Car quand je l'ai connu, nous avions passé un long moment de discussion ensemble où il m'était apparu positif et drôle, ce qui m'a conduit à l'apprécier.

À creuser sans aucun doute, merci.

 

Amicalement,
Odile

Odile E2 mu, aile 1, C+ S++ X=

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Bonjour Odile,

Désolé les 4, on envahit un peu votre discussion.

 

Bon, eh bien, je vais pinailler.

"Ben oui, déjà celle que j'ai notée est une répression de mes besoins d'avoir envie d'être seul avec lui, donc une répression émotionnelle me semble-t-il."

Pas vraiment, tu es consciente de ton désir d'être seul avec ton ami. Tu es donc là dans la compulsion d'éviter de reconnaître tes propores besoins et non dans le mécanisme de défense.

 

Par contre, quand dès que tu exprimes ce besoin, tu éprouves la nécessite de nous dire que ces personnes sont "fort sympathiques" au lieu de dire ta véritable émotion à leur égard ("je m'interroge sur tout un voyage", "j'ai du mal à accepter"), là il y a, comme je l'avais intuité, mécanisme de défense de répression.

 

Très amicalement,
Fabien

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