Institut Français de

l’ennéagramme

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Costa Rica


Aline

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Bonjour à tous,

 

Je suis très heureuse de faire (enfin !) mon apparition sur le forum. :bye: Et je démarre avec un petit article qui ne me concerne pas directement… C'est plus facile pour mon ego de 5:sick: Pour le chambouler un peu, mes prochaines interventions traiteront de sujets plus personnels, je vous le promets.

 

Je rentre d'un stage de trois mois et demi au Costa Rica et souhaite vous faire part de quelques-unes de mes expériences, qui m'ont conduites à émettre une hypothèse concernant l'ennéatype de ce pays d'Amérique Centrale.

 

Lors de mon arrivée, j'ai remarqué qu'il faisait bon vivre au Costa Rica. Les gens là-bas se disent eux-mêmes très chaleureux, et je les ai trouvés en effet très souriants et joviaux dès le premier contact. Mes erreurs de langage des débuts généraient souvent des fous rires collectifs. :laugh:

 

Une expression typique du Costa Rica est « ¡Pura vida! », qui signifie « pure vie » en traduction littérale, mais qui plus généralement est utilisée pour dire que c'est sympa, que c'est agréable, ou que la vie est belle. Une personne, une activité, presque tout peut être « pura vida », et cette expression est aussi employée pour dire que tout va bien ou pour exprimer son goût de la vie.

 

Autre habitude de langage significative : lorsque vous dite « merci » à un Costaricien, il vous répond systématiquement « con mucho gusto », ce qui veux dire « avec grand plaisir ». On n'utilise donc pas le « de rien », comme en France ou au Nicaragua, le pays voisin du nord.

 

Au Costa Rica, on aime faire la fête. En semaine, des soirées karaoké sont organisées, et l'intérêt principal de ces soirées est de rire des gens qui chantent faux ! :rofl: On boit beaucoup, de la bière nationale ou de l'alcool de canne à sucre, à toute heure ou presque, pour profiter des émotions positives que procure l'alcool. Le matin, on vous demande « comment t'es-tu réveillé ? » pour savoir si tu as bien dormi, ce qui, à mon sens, montre l'importance pour les Costariciens de bien dormir.

 

L'espagnol du Costa Rica fait également l'objet de modifications rigolotes. Ainsi, le patchuco, notamment utilisé par les jeunes, est un langage parallèle à l'espagnol, qui résulte de l'invention de nouveaux mots et permet de jouer avec eux. On peut, grâce au patchuco, désigner la même chose grâce à quatre mots différents, c'est bien plus sympa ! Un exemple de patchuco : pour dire « 1000 colones » (la monnaie nationale), on peut aussi dire « 1000 pesos », ou bien « 1 rojo » (le billet de 1000 colones étant rouge), ou encore « 5 tejas » (nom d'une feuille de chou locale valant 200 colones). Les Costariciens utilisent également beaucoup de diminutifs : « café » devient « cafecito », « perro » (chien, en français) devient « perrito », ce qui rend l'espagnol plus doux et agréable à entendre et à parler.

 

Ces différents exemples prouvent, selon moi, l'orientation de l'ennéatype 7 : joie, optimisme.

 

Ensuite, pour éviter les conflits (source de souffrance, ce que veut à tout prix éviter le 7), on rassure la personne contrariée en lui disant « ¡tranquilo! », ce qui veux dire « ce n'est pas grave ! », puis on lui donne des explications lui montrant notre bonne volonté pour arranger la situation.

 

Concernant l'alimentation, l'intempérance (passion de l'ennéatype 7) s'exprime car on mange beaucoup, même si la cuisine n'est pas très élaborée. Les plats sont copieux (le contenu de l'assiette fait au moins trois fois la taille d'un estomac d'adulte) et lourds : le matin, le plat national est un gallo pinto (mélange de riz et de haricots noirs), accompagné d'œuf, de viande et/ou de fromage frit, de crème fraîche, le tout arrosé d'un café au lait. Le midi, on mange un casado, c'est une assiette composée de riz, de haricots rouges, de bananes plantains frites, de viande ou de poisson, de salades à la mayonnaise, d'avocat et d'un peu de salade verte (pour la fraîcheur). Plus tard dans la journée, on boit le café (noir, très sucré) que l'on accompagne de galettes de maïs au fromage ou de pâtisseries. Le soir, au dîner, on mange une assiette de riz au poulet ou aux crevettes.

 

En matière de sexe aussi, l'intempérance est de mise, et les Costariciens et Costariciennes se disent infidèles.

 

Enfin, partout on peut acheter des billets de loterie, car presque tous les Costariciens (même ceux qui se serrent la ceinture à la fin du mois) jouent à ce jeu de hasard (un moyen si facile de gagner beaucoup d'argent, sans rien faire !). Les Costariciens se disent peu travailleurs, et semblent en effet très relax, même si ce n'est pas une généralité. Il me semble que ce dernier exemple relève de la planification, fixation de l'ennéatype 7.

 

Ce voyage au Costa Rica fut pour moi une grande cure de soleil, tant intérieure qu'extérieure.

 

Si certains d'entre vous sont partis au Costa Rica, partagez-vous mon hypothèse concernant l'ennéatype 7 ?

 

Très amicalement,

Aline

Aline – E5 alpha, C=/- S++/-- X-/+

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Fabien Chabreuil

Bonjour Aline,

Bienvenue sur ce forum, et merci d'avoir ouvert ce sujet. Cela fait longtemps que je souhaite aller au Costa Rica — mes meilleurs amis y ont passé des vacances et ont adoré le pays —, et ton témoignage ne fait bien sûr que renforcer cette envie.

J'ai parlé deux fois du Costa Rica sur le blog Et à l’aurore. Pour continuer la discussion voici les références en partant de la plus récente :

  • "Dans l'état actuel du Happy Planet Index, le pays faisant le meilleur score est le Costa Rica. L'espérance de vie y est de 78,5 années soit un peu plus que les États-Unis alors que l'empreinte écologique par habitant y est quatre fois moindre. Ses habitants déclarent le plus haut niveau de satisfaction du monde : ils ont le meilleur système de santé de la planète après la Scandinavie, l'illettrisme y est quasiment nul, l'abolition de l'armée en 1949 y a libéré beaucoup d'argent pour les services sociaux, les réseaux familiaux et sociaux y sont denses, l'égalité entre hommes et femmes y est bonne, et le capital naturel est riche et protégé. Que demander de plus ?" ("Mesurer. Certes, mais quoi ?")
  • "La New Economics Foundation, une ONG britannique a décidé de faire son propre hit parade, en utilisant comme critères le bonheur, le bien-être et le respect de l'environnement. Patatras. Voici par exemple le Canada 111e, la France 129e, les États-Unis 150e. Et le vainqueur est… le Vanuatu, suivi de la Colombie, du Costa Rica, de la République Dominicaine et de Panama." ("La couleur du Paradis")

Le moins qu'on puisse dire est que ce n'est pas incompatible avec l'ennéatype 7.

Très amicalement,
Fabien

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  • 5 years later...

Bonjour à tous,

 

Je fais suite à ce post en revenant d’un voyage de randonnée au Costa Rica. Bien qu’ayant relevé quelques-unes des caractéristiques 7 mentionnées ci-dessus (pura vida, intempérance alimentaire et sexuelle, loterie), j’ai hésité avec le type 6. Voici les exemples que j’ai notés et qui montrent il me semble la présence de caractéristiques 6 notamment la peur et l'évitement de la déviance :

  • Les Costariciens sont très conscients des dangers possibles et s’en protègent beaucoup. De hautes grilles épaisses en métal ceinturent la plupart des maisons de ville. À la campagne la quasi totalité des propriétés et terrains sont entourés de barbelés ; nombreux sont aussi gardés par des chiens. Il n'est pas rare du tout que le principe “Ceinture et Bretelles” s'applique : Grille + Barbelés + Chien, sait-on jamais ! Exemple par exemple en suivant ce lien.
  • Notre guide, un Français vivant au Costa Rica, nous a raconté que les habitants des campagnes s’inquiètent toujours pour lui lorsqu’ils le voient camper en pleine nature : « C’est dangereux, vous allez vous faire agresser. » Lui-même ayant beaucoup voyagé dans la région affirme que le Costa Rica est un pays assez sûr et que la perception de la menace est très exagérée.
  • Au retour d’une randonnée, je marchais volontairement lacets défaits en direction de notre minibus pour retirer mes chaussures de marche quand une marchande m'affirme spontanément : « Vous allez tomber ! »
  • Les réglementations et interdictions sont très nombreuses et affichées de façon très visibles, notamment à l’entrée des sites naturels, parkings, parcs, hôtels, administrations, etc. Certaines sont attendues (interdiction de de jeter des ordures), d’autres moins (interdiction de porter des armes à feu, interdiction des manifestations d’affection en public). Cette dernière pousse aussi en faveur d'un type 7 assez présent !).
  • Les hôtels et lodges affichent très visiblement les preuves de leur conformité aux réglementations en vigueur (normes d’hygiène, normes de sécurité) et ceux situés dans les parcs nationaux affichent souvent plusieurs fois les consignes adaptées à ces environnements (protection de la biodiversité, interdiction de marcher en dehors des sentiers balisés, interdiction de nourrir la faune, etc.). Ces réglementations ont tendance à devenir de plus en plus contraignantes, faisant du Costa Rica un pays de tourisme de plus en plus balisé et de moins en moins une destination de trek, ceci étant certainement motivé par la volonté d’attirer davantage de clients américains fortunés.
  • Pendant mon voyage, une exposition du Musée de l’Or précolombien, un des principaux musées de San José, était dédiée aux Monstres et Héros, où le thème du monstre était beaucoup plus représenté que celui du héros. Un texte sur le mur d'entrée résume le parti pris de l'exposition, en se demandant comment est-ce que ce dont nous avons peur définit qui nous sommes.
  • C'est peut-être un détail mais une part non négligeable du Street Art à San José représente des figures monstrueuses et effrayantes.
  • L'abolition de l’armée après la guerre civile de 1948 apparaît comme un contre-exemple et pousse en faveur du type 7, mais le pays, allié aux États-Unis, dispose par ailleurs de forces de police importantes (un policier pour 360 habitants contre 1 pour 460 habitants en France).

 

Est-ce qu’il y a au moins une forte aile 6 dans la culture costaricienne ?

 

Amicalement,

Gri

Gri – E4 mu, aile 5, C+/- S- X-/+

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Fabien Chabreuil

Bonjour à tous,

 

Merci Gri pour ce complément d'informations.

 

Il faudrait faire la distinction entre ce qui relève de l'ennéatype et ce qui relève de la spirale dynamique. Par exemple, l'interdiction du port des armes à feu est courant en Amérique centrale et du sud (cf. ici en Namibie) et relève du vMème ROUGE. De même, la présence visible de "preuves de [la] conformité aux réglementations en vigueur" peut relever du vMème BLEU plus que du 6. Je ne dis pas que c'est le cas, je dis juste que c'est un point à vérifier.

 

Je ne suis hélas toujours pas allé au Costa Rica (toujours sur ma liste 6 ans après l'ouverture de cette conversation !) ni n'ai lu les ouvrages sur la culture du pays dont je me régale avant une analyse. Je ne peux donc pas en dire plus aujourd'hui.

 

Toutefois à titre de complément d'information, dans les dimensions culturelles de Geert Hofstede, le Costa Rica a été analysé dans quatre échelles sur six. En voici le résultat en donnant à chaque fois le score le plus élevé, les scores de la France et du Costa Rica, et le score le plus faible :

  • un index de distance au pouvoir faible (Malaisie 104, France 68, Costa Rica 35, Autriche 11),
  • un index d'individualisme faible (États-Unis 91, France 71, Costa Rica 15, Guatemala 6),
  • un index de masculinité faible (Slovaquie 110, France 43, Costa Rica 21, Suède 5),
  • un index d'évitement de l'incertitude fort (Grèce 112, Costa Rica 86, France 86, Singapour 8).

Sur ces quatre indicateurs, deux sont exceptionnels pour l'Amérique latine : l'index de distance au pouvoir faible qui marque une société valorisant l'égalité et le consensus, et l'index de masculinité faible (8e score le plus faible de tous les pays mesurés !) qui indique une pays où la qualité de la vie et le fait de prendre soin des autres sont prioritaires par rapport à la compétition et aux réalisations.

 

Très amicalement,

Fabien

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