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Quand une 4 attend trop d'une 1


Kayla

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Bonjour tout le monde,

 

Ce week-end, pendant le stage Négociation, Fabien a dit à un moment que les 4 ont des attentes excessives vis-à-vis des autres. J'ai dû faire une hallucination négative doublée d'une amnésie (une de plus !) depuis que j'ai commencé à étudier l'Ennéagramme parce que cette phrase ne m'avait jamais interpellée (j'avais d'abord écrit frappée, mais j'essaie de minimiser l'impact de ma communication, c'est dur de rectifier, je trouve ça trop plat, trop fade, du coup !).

 

Et pourtant ! Et pourtant comme ce trop d'attentes me fait souffrir justement !

 

Je dirai même que c'est sans doute ce qui m'a poussé vers la contrepassion, du coup je ne demandais plus rien, et même, je n'attendais plus rien ! Seule façon d'être un peu moins déçue, triste, blessée même parfois ! Mais cette attente excessive, mon amie la perçoit même dans les moments où moi-même je n'en suis pas consciente. Elle ne sait pas toujours le verbaliser mais en tout cas, elle y répond par une mise à distance qui du coup me blesse en plein, puisque je me sens abandonnée, etc. sans comprendre pourquoi ! (Maintenant, elle m'explique, mais c'est récent, avant elle pouvait couper les ponts plusieurs semaines ou mois sans rien expliquer sur le moment !) Parfois par contre, encore très récemment, il n'y a vraiment aucune attente ou demande derrière une phrase, anodine, mais afin de s'éviter tout risque de possibilité d'erreur d'appréciation et donc de culpabilité par la suite de ne pas l'avoir anticipée-prévue-imaginée, elle y voit malgré tout une demande à laquelle elle sent d'avance obligée de répondre (et elle m'en veut d'avance aussi, d'ailleurs ! La spirale irritation-ressentiment-colère est enclenchée), ceci s'expliquant parfois par un mécanisme de projection et/ou de lecture de pensée ("Si moi j'avais dis ceci, ça aurait voulu dire ça, donc en disant ça elle attend ça de moi") qui peut se poursuivre par : "Et je trouve ça insupportable, voire inadmissible, puisque c'est comme ça…"

 

J'ai vraiment pris conscience ce week-end (entre-autres choses, en fait ce stage m'a bien plus appris que je ne l'aurais cru au départ — je m'étais dit "bon je le fais pour le cursus complet, mais c'est un cool celui-ci" — tu parles, il remue autant que les autres !!) que la plupart des souffrances que je ressens dans la relation à mon amie vient de là. Moi et mon trop d'attentes, elle et son besoin de solitude, de retrait, presque à la façon du château-fort d'un 5. (J'ai compris depuis le stage Connexions mais surtout depuis la lecture du livre de Naranjo, Ennéagramme, caractère et névrose, pourquoi le 5 et le 1 se ressemblent tant sur certains points, encore plus les 1 mu avec le mental en support). Solitude et retrait étant aussi, en plus, un bon moyen de garder le contrôle sur ses émotions, et sur elle-même tout court.

 

Mais où se situe la limite ? Et c'est parce qu'elle n'est pas toujours fixe, loin de là, que je n'ose parfois (plus) rien lui demander, y compris quand ce serait légitime et/ou nécessaire (situation difficile, d'urgence, etc.).

 

Pour les autres relations, c'est plus simple à gérer, et du coup si j'analyse a posteriori ce serait dans ce cas-là des moments de désintégration en 2 où à l'envie s'ajoute la notion de "Privilèges" du 2 de sous-type conservation, qui est le premier instinct blessé chez moi : "Avec tout ce que je fais pour les autres (en étant dans l'intrépidité de mon 4 C--), je mérite bien un privilège ici ou là." Ou encore "Avec les efforts que je fais pour prendre sur moi dans ma relation avec mon amie, je peux bien attendre plus des autres, voire le réclamer." Maintenant je repère aussitôt ces dialogues internes presque à chaque fois et je déconstruis les transes associées (et ça marche !).

 

Du coup, je comprends maintenant pourquoi l'enfant 4 est considéré comme "actif", alors que j'avais l'impression d'avoir été une enfant "neutre". Même si je n'ai pas l'impression d'avoir manifesté verbalement mon côté "actif", tout mon non-verbal réclamait à corps et à cris de l'attention et du soutien : née sans thyroïde, nécessitant des soins et de longues hospitalisations, puis restée fragile et frêle, mon corps réclamait qu'on s'occupe de moi. Ce que ma mère a fait, du moins physiquement. Et peut-être plus, mais en tant que 4, ce n'était de toute façon pas assez ! (Mais émotionnellement, ça ne l'était vraiment pas, restons objectifs — je m'appuie pour cela sur des retours de personnes externes et neutres.)

 

Hier une copine me disait que je prends trop en compte les besoins de mon amie, que je prends trop de précautions avec elle, que j'en oublie les miens, y compris les plus vitaux et élémentaires. Mais comment faire pour conciler les deux, quand à certains moments ils sont (ou me semblent être en tout cas) totalement opposés ? Je suis donc un peu perdue entre mon 4 qui attend et/ou réclame (parfois, quand même, légitimement !) et ma désintégration en 2 qui me pousse à m'effacer systématiquement (dans ma relation avec elle uniquement, je réclame "ailleurs" donc :hautetfort:).

C'est en discutant avec Isabelle (Isa63) que j'ai eu un insight. Je me suis alors interrogée sur la légitimité de mes demandes et besoins et de ses besoins à elle (ceux de mon amie, hein, pas ceux d'Isabelle, vous suivez, toujours ?), et j'ai essayé de trouver des solutions créatives pour satisfaire les deux à la fois, au moins de temps en temps. Une mini-négociation de moi à moi. Du coup, j'ai lâché prise et aujourd'hui, ça va déjà mieux ! Ce matin, j'ai reçu un sms de sa part, que j'ai reçu non pas comme une récompense d'avoir réussi à lâcher-prise mais plutôt comme un signe que j'étais sur le bon chemin. Avant j'aurais plutôt eu tendance à dire "j'ai bien agi et je suis récompensée", surtout qu'elle fonctionne beaucoup (selon son niveau de désintégration) avec un système de récompenses et punitions : "tu as bien agi, donc…" ou bien "puisque c'est comme ça, tant pis pour toi…" (grosse grosse couche de BLEU chez elle, comme chez beaucoup de 1, et déformation professionnelle en sus. :wink) Or comme je le disais ce week-end en stage, j'ai tendance à avoir le sentiment de mériter toute punition, rejet, etc. À me dévaloriser systématiquement (dans l'espoir pas toujours conscient d'être réconfortée, et rassurer dans mon estime de moi, et autant dire que ça crée plutôt l'effet inverse !). Elle ajoute alors une couche de culpabilisation sur mon sentiment bien ancré de "coupable d'office".

 

Je crois que tout ça vient du fait que j'ai envie de tellement (lui) donner ! Et parfois je suis vraiment frustrée, pas de ne pas recevoir assez mais de ne même pas pouvoir donner ! Recevoir pour un(e) 1 déclenche immédiatement de la culpabilité, encore plus si, elle, n'a pas envie de donner à ce moment-là, et de toute façon elle se sent redevable parce qu'elle (je parle pour elle, je ne sais pas si on peut généraliser à tous les 1) a toujours l'impression de recevoir plus qu'elle ne donne, même si elle peut aussi très bien me reprocher mon comportement avec une phrase en totale contradiction, du style "avec tout ce que je fais pour toi" (sous-entendu parfois : "avec tout ce que je fais pour t'aider à grandir et t'améliorer, ce genre de choses ne devrait pas arriver"). Avec l'Ennéagramme, j'ai compris que ce don est compulsif et surtout envahissant pour elle, donc je fais attention, et je veille d'abord à lui demander en quoi je peux l'aider (bon, en général, je le sais !) et surtout SI elle a envie de cette aide à ce moment-là. Pour les moments passés ensemble, j'essaie aussi, mais c'est plus dur. Je n'ai pas encore d'auréole au-dessus de ma tête (elle est fournie avec quel stage ? Le dernier ? :rofl: ).

 

Une idée qui me vient là : Peut-être qu'en assainissant mon ROUGE, je gagnerais en assertivité avec elle ? Avez-vous des pistes pour y travailler ?

(De plus, la situation est plutôt dans une problématique de l'urgence, et elle est toujours plus tendue et réactive quand elle travaille, la rentrée — et le stress associé — étant alors une porte grande ouverte à la désintégration, et dans ces cas-là, la discussion devient très difficile, voire impossible au-delà d'au certain seuil.)

 

Enfin, voilà, j'espère que je n'ai pas été trop confuse, c'est un gros morceau que je viens de digérer. :sick:

Mais j'y ai gagné des points de repère : par exemple, si mon amie s'éloigne, c'est qu'elle a perçu une demande à laquelle elle ne peut ou ne veut pas répondre. À moi alors de m'interroger si cette attente-demande est trop excessive, si elle est légitime, si c'était réellement une demande non-formulée et/ou inconsciente de ma part, ou si c'est une projection ou une lecture de pensée de sa part à elle, et de rectifier le tir autant que faire se peut.

Je me demande, si en fait l'attente n'est pas pire pour elle qu'une demande. Parce qu'une demande, c'est clair, elle sait ce que je veux, et a alors les moyens de savoir si elle peut ou veut, ou pas, y répondre. Alors que sur une attente, non-formulée en général, il y a bien plus de possibilités d'y projeter des attentes irréalisables, de ruminer des scenarios catastrophes, l'imagination s'envole, etc. J'y vois donc la nécessité, pour ma part, de formuler clairement les attentes et demandes que j'ai vis à vis d'elle, et dont je suis consciente bien sûr, afin qu'elle ne les imagine pas plus importantes qu'elles ne sont en réalité.

Merci Isabelle de m'aider à prendre conscience depuis le point de vue d'un 1 du poids d'une demande ou attente. Je me rends compte combien alors même une "vraie" demande, même toute petite de mon point de vue (pas une demande qu'elle aurait perçue mais qui n'en est pas une, donc), peut alors sembler une montagne. Je serais intéressée de savoir si les 5 le vivent aussi ainsi et quelles sont les différences ? (En particulier pour savoir comment le vit ma fille aînée, mais aussi pour enrichir ma connaissance du modèle en général.)

 

À bientôt,

Kayla

E4 α, ailes 5 et 3, C-/=, S-/=, X+/-

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Bonjour Kayla,

 

"Je serais intéressée de savoir si les 5 vivent [le fait qu'une "vraie" demande peut alors sembler une montagne] aussi ainsi et quelles sont les différences ?"

J'ai une amie 4 mu et j'ai toujours été assez surprise par son côté "actif" (dans le sens donné au stage Connexions). D'ailleurs, que ce soit chez les types 78 ou 4, je trouve souvent leur côté "actif" assez gonflé ; en même temps je me dit "tant mieux pour eux" et je le perçois comme un avantage pour eux. Simplement je me dis souvent qu'à leur place, je n'oserais pas faire de telles demandes, ou insister autant pour obtenir quelque chose des autres (moi en tant que 5, je suis enfant neutre je crois — désolé, je n'ai pas mes notes de stage avec moi pour vérifier).

 

Donc bref, à partir du moment où je considère qu'une demande de 4 est trop insistante, que je n'ai pas envie ou que je ne peux pas y répondre, je n'ai pas de scrupules à refuser ou à laisser trainer (dans le cas où je n'ai pas su dire non). Je ne dirais peut-être pas que je la perçois comme une montagne ; je dirais que je la perçois comme un truc un peu pénible que je n'ai pas envie de faire. Et en général je suis assez ferme sur le refus, justement pour éviter que le 4 (ou une autre personne "active") ne revienne à la charge et insiste. Et aussi parce qu'à sa place, je n'aurais pas osé faire la demande.

 

Très amicalement,

Claire

E5 alpha, C= S-/+ X-/+

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Bonjour Kayla,

 

"Je serais intéressée de savoir si les 5 vivent [le fait qu'une "vraie" demande peut alors sembler une montagne] aussi ainsi et quelles sont les différences ?"

Une réponse rapide faute de temps. Non, je ne le vis pas ainsi. Les demandes que je perçois des 4 que je connais, sont des demandes d'attention, de reconnaissance de leurs états d'âme, d'acceptation et enfin, d'expression émotionnelle. Je les trouve légitimes.

 

Il arrive que, quand je suis désintégré, mon seuil de tolérance à la souffrance soit vite atteint ; alors je me renferme, à mon grand dam.

 

Amitié,

Yves

Yves (E5 alpha, ailes 4 et 6, C- S= X-/+)
"Attendre d'en savoir assez pour agir en toute lumière, c'est se condamner à l'inaction." (Jean Rostand)

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Bonsoir Kayla, bonsoir à tous,

 

Je suis contente si nos échanges en stage t'ont apporté des prises de conscience ! C'est la richesse de toutes ces rencontres tous types confondus lors des stages.

 

J'ai pas mal réfléchi aussi sur l'attente que je peux (ou j'ai pu) avoir vis à vis de quelqu'un d'autre. Je l'ai vécu et je sais que cela peut être destructeur, non seulement pour l'autre, mais pour soi même. Je pense que l'attente que l'on vit dégage malgré soi une exigence qui peut avoir l'effet inverse de ce que l'on souhaite. J'ai le sentiment aujourd'hui que l'attente peut fermer des portes. Peut on faire un lien avec le message sur "l'égo nous emène précisement vers ce que l'on cherche à éviter" ?

 

Les besoins et les demandes peuvent être légitimes de son point de vue à soi. L'autre a-t-il le même regard ? Quoi de plus clair en effet que d'y mettre des mots pour s'assurer d'être bien compris ?

 

Surtout qu'elle fonctionne beaucoup (selon son niveau de désintégration) avec un système de récompenses et punitions : "tu as bien agi, donc…" ou bien "puisque c'est comme ça, tant pis pour toi…"
En tant que 1, c'est peut être l'impression que j'ai donné. Je pense que c'est un reflet de la pensée binaire et de la rigidité du 1 avec la dichotomie inflexible/sensible. Pour moi, il ne s'agissait pas de système de récompenses ou punitions, mais d'un certain assouplissement de la rigidité et l'envie de faire plaisir.

 

Recevoir pour un(e) 1 déclenche immédiatement de la culpabilité, encore plus si, elle, n'a pas envie de donner à ce moment-là.
Je sais que j'ai eu beaucoup de mal à recevoir, en effet. Oui, cela déclenchait de la culpabilité et même je me sentais aggressée ! Ma première réaction était de savoir, selon la pensée binaire, si j'aimais ou je n'aimais pas ce que l'on m'offrait : premier stress ! Puis j'avais la croyance que je n'étais pas assez bien pour recevoir quoi que ce soit, que je ne saurais pas remercier à sa juste valeur, que je ne saurais pas assez montrer ma joie de recevoir… bref, la false core encore et toujours. J'en conclus aujourd'hui que recevoir était pour moi un stress !

 

"De toute façon elle se sent redevable parce qu'elle (je parle pour elle, je ne sais pas si on peut généraliser à tous les 1) a toujours l'impression de recevoir plus qu'elle ne donne."
C'était aussi valable pour moi : les autres savaient mieux donner que moi ! La rigidité et la critique sont enfermantes pour soi aussi ! La moindre remarque sur ce que je pouvais donner était un stress parce que je prenais la remarque pour une critique, déguisée si c'était une remarque positive… (Je remarque là le manque de confiance en l'autre.)

 

Je me demande si en fait l'attente n'est pas pire pour elle qu'une demande.
N'est-ce pas applicable pour n'importe quel type ? D'autres pourront témoigner à leur tour ?.

 

Fabien, peut on considérer que l'attente excessive spécifique au 4 peut être le signe d'un 1 désintégré en 4 ? Ou l'attente excessive d'un 4 se rapproche subtilement de l'exigence du 1 ?

 

Amicalement,

Isabelle

Isabelle (E1 alpha, C++ S-/= X+, aile 2)

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Bonjour tout le monde,

 

Yves, je suis bien plus consciente d'avoir besoin d'acceptation, d'expression émotionnelle, que de demandes plus concrètes. C'est sans doute pour ça que j'ai du mal à exprimer ces dernières clairement.

 

Pour exprimer une demande concrète, il faut vraiment que je n'ai pas peur d'être rejetée en faisant cette demande. C'est pourquoi même dans l'urgence, souvent, je n'ose demander. Mais la demande implicite est tout de même perceptible pour l'interlocuteur et peut le mettre mal à l'aise, parce qu'il peut se sentir manipulé. Je vais observer et faire attention à ça.

 

Si j'ose faire une demande d'acceptation et d'expression émotionnelle, ce sera en général de façon plus spontanée, mais peut-être du coup, plus brusque, plus intrusive ? J'apprends ces temps-ci à les exprimer de façon plus assertive, pour être plus claire et éviter à mon amie d'amplifier a priori mes besoins et donc d'en avoir peur.

 

Claire, je comprends ce que tu veux dire, dans le sens où bien souvent il m'arrive de trouver "gonflées" des demandes et exigences que je n'aurais jamais osé formuler, ni même penser ! Et comme toi, je vais avoir tendance à laisser traîner, ou à dire non de suite, selon les personnes. Souvent quand je vais me sentir envahie à la fois dans mon espace vital émotionnel et mental.

 

Isabelle, je suis allée relire la conversation que tu mentionnes dans ton message, merci de l'avoir fait, ça m'a permis de verbaliser des choses que mon ego se refusait à exprimer.

 

Depuis le stage Négociation, la notion de légitimité occupe bien plus de place et de sens. Légitimité des besoins de l'autre bien sûr, mais je me rends compte en fait, combien, dans la relation avec mon amie, je ne prenais pas en compte la légitimité de mes propres besoins, surtout. Désintégrée en 2, je prenais bien plus en compte la légitimité de ses besoins à elle. Même si, pourtant, elle me reproche régulièrement de ne pas en tenir compte. Il y a là de l'exigence de 1, jamais satisfaite.

 

Par contre, je dois veiller dans mes autres relations à prendre plus en compte la légitimité des besoins de l'autre.

 

Merci de vos retours, à bientôt. :bye:

E4 α, ailes 5 et 3, C-/=, S-/=, X+/-

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