Observateur intérieur en temps réel

[Isa63]

Bonjour à tous,

 

Je viens partager un exemple d'observateur intérieur qui a été, pour moi, très intéressant à vivre "en direct". J'ai pu observer à la fois les émotions et les sensations liées à une situation, identifier la tentative d'apparition d'une formation réactionnelle puis sa disparition. Je crois que c'est la première fois que je suis capable d'avoir une telle observation, aussi clairement, sur mon lieu de travail.

 

Dans le cadre d'une journée de travail, j'accueille une personne pour donner une suite à des soins. Sa plaie (suturée il y a 10 jours) est sale et moche. Je vais à la rencontre d'un médecin du service (qui est quelqu'un d'impatient et coléreux, mais je n'ai pas cherché à le typer) pour discuter de la conduite à tenir. Le médecin est en train de lire un document, lui permettant d'adapter l'antibiothérapie à la plaie. Le fait que je vienne lui parler le dérange ; il manifeste de l'impatience et de la colère. Chose vraiment nouvelle pour moi, je suis capable de sentir le point dans mon corps qui réagit face à cette colère ! Je suis capable de sentir que c'est le même point que je ressentais, enfant, quand mon père me faisait peur ! Mais ce point est devenu tout petit et à ce moment-là, il ne m'appartient presque plus !

 

Cela m'a permis de vivre point par point :

• installation du patient, prise charge de la plaie, analyse des soins à apporter, relation au médecin,
• impatience du médecin,
• sensation intérieure de la propre peur de mon enfance,
• "perception" de la taille de l'émotion devenue vraiment toute petite,
• impatience et colère (mais vraiment minime !) de ma part parce que je n'avais pas la réponse immédiate,
• visualisation de ma propre blessure parce que ma participation et implication ne sont pas accueillies comme je le souhaitais, et me paraissent rejetées,
• distance vis à vis de la false core et des émotions qui vont avec !

C'est là que je peux voir comment la vision et l'analyse en temps réel, sans vraiment le prévoir, m'a permis de me détacher de toutes ces sensations… Sensations qui auparavant pouvaient prendre beaucoup de place, au point de bloquer le mental pendant longtemps (ce qui m'amène souvent à vivre ce que j'appelle de la confusion).

 

Ces quelques mots peuvent vous paraitre anondins. Le vivre a été pour moi très révélateur J'ai également pu sentir comment la formation réactionnelle a pointé son nez, puis s'est évanouie… Tout ça en quelques secondes…

 

Je trouve que l'observateur intérieur apporte une aide considérable.

 

Amicalement,

Isabelle

[Fabien Chabreuil]

Bonjour Isabelle,

 

Vraiment une très belle auto-observation, avec la conclusion normale que ton ego est là mais que tu n'es pas lui. Merci de partager cela avec nous. C'est un encouragement pour tous nos lecteurs à utiliser l'Ennéagramme pour ce pour quoi il est fait : travailler sur soi.

 

Très amicalement,

Fabien

[Isa63]

Bonjour Fabien,

 

Merci aussi de tes encouragements.

 

J'ai découvert l'ennéagramme il y a maintenant 5 ans. L'apprentissage a été pour moi long et douloureux parce que je traversais aussi une étape de ma vie très délicate, un divorce. Mon ego m'a fait croire qu'en utilisant l'ennéagramme, j'arrivais à sauver mon couple. Non seulement il ne l'a pas sauvé, mais la rupture relationnelle est pire que je ne pouvais l'imaginer.

 

Tout ce travail sur soi me fait vivre (et non juste dire) aujourd'hui ce qui est dit aussi en Ennéagramme : "On ne peut que travailler sur soi ; on ne peut changer l'autre." Quand on sait ce que demande d'effort, de concentration, de régularité, et de vérité de travailler sur soi, je crois que cela diminue considérablement l'envie de demander aux autres de changer !

 

Un jour, tu m'as écrit : "Ne cherche pas à t'améliorer, lâche prise, et aime ton ego. Il a droit à sa place mais pas plus." J'ai affiché cette petite phrase au dessus de mon bureau. Elle m'a questionnée au début, puis sécurisée ; aujourd'hui, elle a pris tout son sens.

 

Merci à vous, Patricia et toi, pour votre accompagnement et l'organisation de vos stages. Ils ne sont pas toujours facile à vivre, brassent pas mal, mais sincèrement, sans ce parcours je crois que je n'aurais jamais réussi à me désidentifier de mes automatismes égotiques, sortir de la prison que je m'étais construite.

 

Très amicalement,

Isabelle

[Kayla]

Bonjour Isabelle,

 

Un petit mot pour te dire que moi aussi, j'ai d'abord cru que l'Ennéagramme était le remède miracle pour sauver la relation avec mon amie. Bon, ça l'a été un peu, mais seulement parce que nous avons fait le chemin non seulement à deux, mais aussi en travaillant chacune sur nous-même et en lâchant prise sur le désir de voir l'autre changer. En travaillant sur soi, on change et en changeant notre façon de communiquer et de recevoir l'autre, les relations s'en trouvent modifiées elles-aussi. Nous avons eu la chance que ce chemin continue à être le même mais il aurait pu aussi nous conduire sur des voies différentes. Le fait d'avoir connu l'Ennéagramme au moment où nous prenions conscience que nous avions l'une et l'autre des torts, mais aussi l'une et l'autre envie de comprendre et accepter l'autre dans sa vérité, en a fait un outil de "travail" formidable, mais sans nos efforts, sans nous, l'outil n'aurait servi à rien ! Ce que je trouve miraculeux, c'est que nous ayions connu l'ennéagramme chacune de notre côté, au même moment, pendant une longue période de séparation où il n'y avait aucune communication entre-nous.

 

Merci de partager ce moment avec nous, c'est un beau cadeau d'espoir et un bel encouragement à poursuivre les efforts,

 

À bientôt,

Kayla

[Fabien Chabreuil]

Bonjour à tous,

 

"Sans nos efforts, sans nous, l'outil n'aurait servi à rien !"

En bon 7 amateur de métaphores, j'aime bien dire que Patricia et moi sommes des sages-femmes, nous accompagnions la parturiente, nous l'encourageons avec amour, nous avons des méthodes et des outils, mais c'est elle qui fait le bébé.

 

Très amicalement,

Fabien

[Isa63]

Bonjour à tous,

 

Merci pour vos encouragements.

 

"C'est elle qui fait le bébé"

(Attention, c'est peut être de l'humour de 1 qui va suivre — Christine avait émis le souhait de commencer un message au sujet de l'humour de 1 et cela m'intéresserait.)

… sauf qu'avec l'Ennéagramme, l'accouchement est plus long et la péridurale n'existe pas !

 

Amicalement,

Isabelle

[Fabien Chabreuil]

Bonjour à tous,

 

Ben oui, Isabelle, c'est du bon vieil accouchement à l'ancienne qui sent bon le terroir ! Mais si tu savais le nombre de gens qui demandent si la péridurale existe…

 

Très amicalement,

Fabien

[Jérôme]

Bonjour Isabelle,

 

J'ai lu avec attention ton témoignage qui me laisse apprécier le long chemin qu'il me reste à parcourir,et qui me montre en même temps que le chemin existe. Merci de le partager, et bravo pour ta tenacité et ta patience.

 

"Utiliser l'Ennéagramme pour ce pour quoi il est fait : travailler sur soi."

Je prends aussi ce rappel, Fabien, que j'ai pourtant souvent en tête, mais c'est tellement facile de m'échapper en détournant mon attention sur les autres ou sur le modèle lui même. J'ai bien noté : pas de péridurale, et encore moins de césarienne !

 

Belle journée à vous,

Jérôme

[Christine]

Bonjour à tous,

 

Isabelle, ton message a fortement résonné chez moi car j'étais en train de faire des observations similaires le même jour.

 

Lorsque je participais à une conversation sur ce panneau, j'ai pris conscience que j'allais me laisser emportée par la compétition, que cela commençait à aveugler mon jugement, et alors je me suis dit stop. Je me suis reconnectée à mon centre mental, j'ai relu les messages, et j'ai alors émis la possibilité d'avoir fait une erreur. J'ai fait une erreur, et il n'y a pas de quoi en faire un drame. Puis, j'ai décidé de changer d'activité afin de lâcher-prise avec la conversation, j'ai ressenti un petit passage à vide, je n'avais plus d'énergie, et je ne savais pas quoi faire exactement. J'ai pris conscience et accepté cet état transitoire. Alors je me suis activée petit à petit et peu après, j'ai noté que mon corps était en tension et que mon visage était devenu extrèmement sérieux et là encore, j'ai dit stop. À partir de ce moment, je me suis reprise en main et j'ai stoppé le pilote automatique. Par la suite, j'ai passé un bon moment en compagnie de mes enfants. Quand je vis dans l'ici et le maintenant, je trouve que tout ce qui m'entoure est littéralement plus lumineux. C'est comme si le monde s'éclairait devant moi, et alors je vois ce qui se trouve devant mes yeux mais qui m'échappe normalement. Est-ce que vous expérimentez aussi quelque chose de similaire ?

 

Suite à la lecture de ton message et à mes propres observations, j'ai ressenti de la sérenité toute la semaine accompagnée de vraie patience (pas une patience qui s'impatiente). J'ai même ressenti de la joie en fin de semaine alors que je préparais les enfants pour aller à l'école. C'est tout nouveau car les matins sont généralement des petits moments de stress, et mon rituel n'est pas très gai.

 

Oui, c'est anodin mais tellement agréable à vivre par rapport au fonctionnement habituel d'autocritique, colère, contrôle de soi, rigidité et j'en passe.

 

Très amicalement,

Christine

[Fabien Chabreuil]

Bonjour à tous,

"Quand je vis dans l'ici et le maintenant, je trouve que tout ce qui m'entoure est littéralement plus lumineux. C'est comme si le monde s'éclairait devant moi, et alors je vois ce qui se trouve devant mes yeux mais qui m'échappe normalement. Est-ce que vous expérimentez aussi quelque chose de similaire ?"
Oui, quand on est vraiment dans l'ici et matin, le vision est plus affûtée. Les autres sens aussi d'ailleurs. Dans le stage Essence où nous faisons des exercices de présence, quasiment tous les participants font le même constat.

"Suite à la lecture de ton message et à mes propres observations, j'ai ressenti de la sérenité toute la semaine accompagnée de vraie patience (pas une patience qui s'impatiente). J'ai même ressenti de la joie en fin de semaine alors que je préparais les enfants pour aller à l'école. […] Oui, c'est anodin."
Cela s'appelle de l'intégration interne et externe, et c'est loin d'être anodin.

Très amicalement,
Fabien

[Isa63]

Bonjour à tous,

 

Merci Christine pour ton témoignage.

 

"J'ai alors émis la possibilité d'avoir fait une erreur. J'ai fait une erreur, et il n'y a pas de quoi en faire un drame."

Depuis que j'ai compris que c'était un piège de notre ego de 1, l'erreur ne me blesse plus. Je l'admets et n'en fais pas un drame non plus. C'est aussi une véritable libération !

 

"J'ai décidé de changer d'activité afin de lâcher-prise avec la conversation, j'ai ressenti un petit passage à vide."

Je vis aussi ce genre de situation, et cela me permet de ne plus laisser de place à la critique ou à la colère. Comme toi, j'ai parfois le sentiment de passages à vide. Je les accueille ; je sais que cela ne va pas durer. C'est un bon moyen pour s'en débarrasser rapidement.

 

"J'ai noté que mon corps était en tension et que mon visage était devenu extrèmement sérieux."

Ça aussi, j'ai appris à le repérer. C'est révélateur. Le sentir en temps réel est une aide précieuse.

 

"Quand je vis dans l'ici et le maintenant, je trouve que tout ce qui m'entoure est littéralement plus lumineux."

Oui, j'ai remarqué aussi. Comme une densité différente. La présence de la joie, aussi, est révélatrice, un signe qui ne passe pas inaperçu !

 

"Suite à la lecture de ton message et à mes propres observations, j'ai ressenti de la sérenité toute la semaine accompagnée de vraie patience."

Merci de ce retour ! Cela m'arrive de le vivre lorsque je lis et vis des révélations. La sérénité et la joie sont des signes qui ne trompent pas !

 

Merci Jérôme de ton retour. Oui, le chemin est long, jamais fini, mais il existe bel et bien, et il est passionnant pour qui veut bien le voir.

 

Finalement, heureusement que ni péridurale, ni césarienne n'existent, parce que quand on franchit une étape, elle a une toute autre saveur ! C'est bien de notre travail dont il s'agit, avec patience et tenacité, comme tu dis Jérôme.

 

Alors bon courage à tous ceux qui s'engagent sur le chemin de la découverte de soi ! Accepter les hauts et les moins hauts, les incompréhensions, les moments de découragements, les pauses et les détours. Les erreurs aussi ! Comme Fabien le dit aussi, s'arrêter parfois n'est pas grave, l'important est de se remettre en route dès que possible.

 

Amicalement,

Isabelle

[Fabien Chabreuil]

Bonjour à tous,

 

Merci pour vos beaux témoignages de tout le chemin que vous avez parcouru et que parcourez.

 

"Finalement, heureusement que ni péridurale, ni césarienne n'existent, parce que quand on franchit une étape, elle a une toute autre saveur !"

Bah, l'essence est profondément dans l'ici et maintenant. Elle ne s'intéresse donc guère à la manière dont on l'a atteinte et n'en est pas affecté.

 

Il me semble que c'est l'ego qui se préoccupe de la nature du chemin. Peut-être en tire-t-il une petite fierté ? Peut-être est-il influencé par un système de valeurs en BLEU pour lequel quelque chose de bien ne peut être que le résultat d'un effort ? Peut-être essaye-t-il ainsi de reprendre la main (j'aime bien citer cette phrase dont je ne sais plus l'auteur : "Le plus grand piège que peut nous tendre le Diable est de nous dire que nous l'avons vaincu.") ?

 

C'est bien normal. L'ego reste là et fait son boulot d'ego. Tant que ce n'est pas lui qui pilote notre vie, c'est OK.

 

Très amicalement,

Fabien

[Christine]

Bonjour à tous,

 

Une nouvelle auto-observation cette semaine, mais avec un final différent. Mardi après-midi, j'étais fatiguée (je l'ai reconnu plus tard) et j'ai perdu patience avec mes enfants car ils ne s'exécutaient pas assez rapidement à mon goût. Je leur parlais fermement, tout en contenant la colère, et mon mari m'a fait remarquer que j'étais en train de crier. J'ai bien compris alors à ce moment-là que le pilote automatique repartait, mais je n'ai pas eu la volonté de le stopper comme je l'avais fait la semaine dernière. Je n'ai pas ressenti de culpabilité ; j'avais simplement décidé d'attendre que ce mauvais moment passe.

 

Je crois que la différence entre les deux situations vient de la prise de conscience. J'ai su le faire dans le premier cas et dans le second, même si je savais que quelque chose n'allait pas, je n'arrivais pas à admettre que j'étais fatiguée et donc que j'avais besoin de repos. Et surtout j'avais un terrible besoin d'agir, peut-être pour compenser que le matin, je m'étais consacré du temps pour moi.

 

Très amicalement,

Christine

[Fabien Chabreuil]

Bonjour à tous,

 

"Je crois que la différence entre les deux situations vient de la prise de conscience. J'ai su le faire dans le premier cas et dans le second, même si je savais que quelque chose n'allait pas, je n'arrivais pas à admettre que j'étais fatiguée et donc que j'avais besoin de repos. Et surtout j'avais un terrible besoin d'agir, peut-être pour compenser que le matin, je m'étais consacré du temps pour moi."

Merci de partager ce bel exemple de formation réactionnelle.

 

Très amicalement,

Fabien

[Christine]

Bonjour,

 

Je viens enfin de comprendre ce qu'est la formation réactionnelle.

 

Bon week-end à tous,

Christine

[Christine]

Bonjour à tous,

 

Sur de nombreux sites hispanophes, la vertu du type 1 est appelée sérénité au lieu de patience. J'avoue qu'au début le mot sérénité me convenait mieux. Je ne sais pas si c'est parce que je réprime le centre mental ; quand je suis sereine, j'utilise mieux ce centre.

 

Mais depuis mon témoignage du 29 mai, je trouve le terme patience beaucoup plus juste. Quand je parlais de “vraie patience”, je voulais dire avant tout patience envers moi. La même patience que l'on peut avoir avec un enfant mais appliqué à soi-même. Avant mon témoignage, je n'avais pas vraiment compris ce que représentait la patience, si ce n'est qu'une forme d'auto-contrôle. De plus, j'avais bien senti que c'était cette patience envers moi qui m'avait permis de me connecter à la joie.

 

Très amicalement,

Christine

[Fabien Chabreuil]

Bonjour Christine,

 

Tu as raison, l'auto-contrôle, qui est une lutte contre l'ego, conduit à la contrepassion et non à la vertu.

 

Moi aussi, j'utilise souvent la métaphore de l'enfant pour parler de l'ego : cf. ici.

 

Très amicalement,

Fabien