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Communication écrite


Kayla

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Bonjour tout le monde,

 

Hier, en relisant quelques mails, je me suis penchée sur ma façon de communiquer à l'écrit et je me suis dit que ce serait peut-être intéressant de poster le résultat de ces observations ici.

 

J'observe donc, en relisant mails, SMS (je ne coupe aucun mot, je n'y arrive pas, c'est plus fort que moi, sans doute confortée par la possibilité des sms illimités) ou messageries instantanées, que j'utilise beaucoup les points de suspension :

  • Parfois ils font allusion à des souvenirs communs, surtout avec mon amie, la complicité permet bien des ellipses qui lors d'une vraie conversation pourraient être traduites par un regard, l'esquisse d'un sourire, et dans mes écrits le sont par des points de suspension.
  • Parfois ils disent des émotions ou des sentiments que je n'ose exprimer, ou du moins mettre par mettre par écrit.
  • Et parfois, encore, ils sont les "silences" des conversations de vive-voix.

Là où à l'oral, je coupe parfois mes mots, les laissant en suspens si je sens qu'ils peuvent être trop chargés émotionnellement pour l'autre, à l'écrit je mets des points de suspension. Ou quand après avoir écrit quelque chose, l'émotion est si forte que j'ai besoin d'une respiration…

 

Deuxième observation : je remarque aussi que j'ai du mal à mettre un point à la fin d'une phrase. Ça me semble "dur", "cassant", une "fermeture" qui me fait peur sans doute. Donc avec elle, c'est d'autant plus flagrant ! Presque impossible de mettre un point final à une conversation, et donc je finis par des points de suspension, ou alors, mais je ne le fais régulièrement que depuis quelques temps, je les remplace par une émoticône, une façon de dire "le lien n'est pas coupé". J'ai la même difficulté quand je dois quitter mon amie, je dois le faire vite, partir non sur une coupure de lien mais sur une continuité. Ça va bien mieux depuis que j'ai compris, et surtout pu vérifier dans les faits que séparation physique et spatiale ne signifie pas rupture du lien. Et puis elle m'a expliqué que pour elle si je pars vite, justement c'est une rupture trop violente du lien, donc j'y fais attention à présent.

 

Troisième observation, les guillemets. Là je les utilise :

  1. Parce que je n'arrive pas à trouver le mot juste, ou qu'il n'existe tout simplement pas, et que je souhaite m'approcher le plus possible de ce que je veux exprimer (ergotage puissance 1000 même parfois !).
  2. Je pressens (mais c'est parfois de la projection) que ce que je veux exprimer est trop chargé émotionnellement, ils servent non pas à préciser mais à atténuer.
  3. Je sais, ou je pense, que ce que j'exprime pourrait porter à confusion, pire créer un "malentendu", ce qui entre elle et moi est à éviter le plus possible, car un malentendu peut quand elle ne va pas bien peut être un sujet de rupture de la relation : elle est 1 mu, si un détail cloche, c'est toute la relation qui est remise en cause. Et selon son degré de désintégration du moment, l'éclaircissement du dit malentendu peut n'avoir lieu que longtemps après, et encore en faisant très attention, car l'évoquer la remet dans le même état de colère. Et elle risque de rationnaliser au maximum sa réaction.

 

Quatrième observation : elle est la personne pour laquelle je prête le plus d'attention à ce que j'écris (à part ce forum, bien spécifique). Paradoxalement, elle est pourtant la personne avec laquelle je commets le plus de lapsus (voire la seule d'ailleurs), et c'est dans ce que je lui écris que je retrouve le plus de fautes d'inattention.

 

Cinquième observation :

  • Parfois je manque de précision, souvent dans un élan de spontanéité ou quand je suis persuadée, à tort évidemment, que l'autre sait ce que je veux dire, ce qui crée confusions et malentendus.
  • Parfois je donne trop de précisions alors qu'elles sont inutiles (souvent parce que je vise à éviter le cas précédent).
  • Parfois aussi, je porte tellement d'attention à ne pas heurter mon amie (quand je la sens "limite", que la formation réactionnelle est très forte, et la colère prête à exploser) que mon discours en devient flou et irritant pour elle. Ce que je cherchais à éviter, donc…

 

Je me suis fixé pour objectif dans les jours à venir de reprendre mes divers écrits et de les passer au crible du métamodèle, mais je voulais d'abord vous faire part de ces premières observations. Je reviendrai donc faire des ajouts une fois que j'aurai avancé,

 

A bientôt. :bye:

E4 α, ailes 5 et 3, C-/=, S-/=, X+/-

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Fabien Chabreuil

Bonjour à tous,

 

Ah, la ponctuation ! C'est une partie de la langue française écrite assez peu codifiée et qui donc laisse beaucoup de place à la personnalité de celui qui rédige, à sa sensibilité, et à son art oratoire.

 

Cela fait longtemps que j'ai associé l'abus des points de suspension à l'ennéatype 4 et à certains 1, même s'ils n'en ont, bien sûr, pas l'exclusivité.

 

Personnellement, j'ai un émotionnel intérieur, comme un 4, mais je n'aime guère les points de suspension. Je pense que cela vient de la préférence pour le mental qui me les fait associer à une idée inachevée ou mal formulée, bref à une sorte de paresse mentale. Leur emploi ou non est peut-être lié à l'interaction entre ces deux centres.

 

L'utilisation forte des guillements est par contre assez rare, et je n'ai jamais pu faire de corrélation avec l'Ennéagramme. J'avoue que je ne les aime guère non plus, d'abord parce qu'il y a 80 000 mots dans un dictionnaire et près de 200 000 dans la langue, ensuite parce qu'il me semble qu'il suffit de préciser sa pensée pour les rendre inutiles. Encore ce fichu centre mental préféré.

 

Je constate d'ailleurs que les grands écrivains 4 n'utilisent qu'exceptionnellement ces signes de ponstuation, mais quand on voit leurs manuscrits, ratures et corrections abondent. Cela me semble confirmer ce lien avec une sorte de paresse de ne pas chercher le mot juste ou de simple manque de temps pour le faire. Mais il y a aussi le mouvement inverse qui consiste à employer une expression approximative et à s'en contenter. Vue sous cet angle, l'utilisation des points de suspension et des guillemets est peut-être un moindre mal parce qu'elle avertit le lecteur.

 

Très amicalement,

Fabien

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Bonjour Fabien,

 

Après avoir rédigé le premier message, j'ai fait part de mes observations à mon amie. Du coup elle s'est rendue compte qu'elle aussi utilise beaucoup les points de suspension, et cela va dans le sens de tes observations à toi puisqu'elle est 1 mu.

 

Elle utilise aussi énormément les points d'exclamation, qu'elle triple, quadruple très souvent et même plus encore ! Elle dit qu'elle écrit comme elle s'exprimerait, et donc c'est sa façon d'y mettre toute l'intonation voulue. De mon côté, tout comme j'ai appris à décoder chez elle toute trace de formation réactionelle, j'ai appris à décoder ces points d'exclamation qui traduisent aussi parfois un agacement, une impatience, voire une colère dont elle ne se rend pas forcément (encore) compte au moment où elle l'écrit. C'est le signe qu'il faut lui laisser de l'espace, du temps pour elle, et revenir plus tard. Ce qu'elle prend pour de l'énergie est parfois (avant j'aurais dit souvent) un signe de colère.

 

Quant à moi, ta réponse me permet de compléter mon message qui s'appuyait essentiellement, je m'en rends compte, sur l'observation de mes correspondances personnelles, avec mon amie ou des amis. Je remarque aussi que les guillemets traduisent également sans doute chez moi une peur (jusque là pas vraiment conscientisée) que l'autre ne comprenne pas ce que j'ai voulu dire : un manque de confiance dans ma capacité à me faire comprendre ou à transmettre un message, et/ou un manque de confiance dans sa capacité à (me) comprendre.

 

L'émotionnel prend dans mes correspondances personnelles le pas sur le mental, conformément à ma hiérarchie des centres donc. Les points de suspension laissent alors à l'émotion un espace pour naître et éclore, elle est le lien invisible entre l'autre et moi. Je laisse venir les mots comme ils viennent, en accueil, et parfois ce sont des silences qui me viennent, d'où les points de suspension.

 

Je remarque aussi qu'en effet il m'arrive d'utiliser les guillemets par paresse mentale et/ou manque de temps mais seulement dans les message rapides, informatifs, où je n'engage aucune émotion. Donc jamais dans les messages destinés à mon amie.

 

Dans mes autres écrits, même si le lien peut être important aussi, j'accorde bien plus de place au mental. Je cherche le mot juste, j'ergote au-delà du raisonnable même !

 

Si j'écris un poème, je vais en effet raturer, barrer, jusqu'à obtenir le mot juste, celui qui traduit exactement l'émotion ou le message que je veux faire passer. Et je vais donc écumer les trois dictionnaires de synonymes (au moins !) que j'ai à la maison jusqu'à trouver le terme qui traduit vraiment ce que je veux faire passer ! Là c'est le mental qui va fortement intervenir, comme tu le fais remarquer.

 

Si je rédige un article, par exemple une critique de jeu de société, les points de suspension et les guillemets sont quasiment absents. Même observation.

 

Avant j'étais aussi pointilleuse et ergoteuse dans mes correspondances privées mais du coup ça devenait tellement travaillé et recherché qu'il n'y a avait plus aucun naturel, le résultat était artificiel voire ampoulé ! L'idéal étant dans l'équilibre entre justesse et spontanéité !

 

À bientôt.

 

Ah si petit ajout. J'avoue que je me suis sentie accusée de "paresse mentale" et je n'ai pas aimé du tout, mais alors pas du tout ! Mais comme je viens de l'écrire, c'est en effet le cas, parfois. Merci de m'avoir mis face à cette réalité. Heu… Je ne t'en veux plus. :sorry:

E4 α, ailes 5 et 3, C-/=, S-/=, X+/-

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Bonjour Kayla, bonjour Fabien,

 

J'ai appris ce matin, au hasard d'une flânerie sur le net, que les points de suspension faisaient partie de cette figure de style appelée aposiopèse, qui consiste à "suspendre le sens d'une phrase en laissant au lecteur le soin de la compléter".

 

Bon, je n'ai pas grand-chose à partager sur ce que j'aurais remarqué sur l'emploi des points de suspension et guillemets chez les 4, mais en temps que 6 alpha, je peux identifier des motivations similaires à celles exposées. Je me souviens les avoir abondamment utilisés dans mes lettres d'adolescente, alors que les phases de doutes étaient assez intenses. C'est dans ces moments là que je ressentais le plus la "charge émotionnelle" associée dont tu parles, Kayla. Un peu l'équivalent du "Attention, fragile" que l'on colle sur les cartons, en même temps qu'une demande d'implication émotionnelle du lecteur.

 

Maintenant, je fais souvent attention aux points de suspension et guillemets lorsque que je relis le premier jet d'un message, et je supprime certaines de ces figures quand il y en a, quand, à la réflexion, je peux assumer de faire passer un message à l'aspect définitif. Cette démarche aide à faire le tri entre ce qui, comme Fabien l'explique, peut être dû à de la paresse mentale, et ce qui est dû aux limites que je ressens au moment où j'écris. Mental préféré oblige, j'aime préciser ma pensée et donner à lire un message clair, et ça m'embête souvent de devoir laisser une phrase avec des points de suspension ou des guillemets, parce que je perçois qu'ils sont bien commodes pour un ego de 6, en permettant de prendre avec des gants ce qu'on veut dire, en signifiant "je te laisse le soin de compléter ou d'interpréter, et du même coup le risque de te tromper", ou "je ne suis pas complètement sûr de la pertinence du terme", ou encore "je veux pas dire, mais bon…". Parfois pourtant, soit que ces figures contribuent à l'expressivité du message, soit qu'elles signifient que j'ai conscience d'avoir atteint les limites de mes capacités analytiques ou de mon temps au moment de sa rédaction, je ne vois pas d'objection à les laisser parce que c'est une manière de renseigner l'interlocuteur que l'on se rend compte que le contenu du message n'est pas achevé et qu'on inclut l'interlocuteur dans son parachèvement possible. J'ajouterais qu'il y a aussi une part de projection dans le soin porté à cette relecture, car l'abus de points de suspension et de guillemets tend à m'agacer de la part des autres en ce qu'ils ont de velléitaire ("Rah, s'il a quelque chose de si important à dire, qu'il parle ou se taise à jamais !").

 

Autre point : Wikipedia indique que l'aposiopèse est une figure de style très proche de la réticence qui est, je cite, "une figure de construction qui consiste en un énoncé inachevé dont le sens reste clair. La réticence est employée pour atténuer le sens d'une expression en laissant le soin à l'interlocuteur d'en deviner la suite." La notice précise que la réticence est également un terme juridique qui désigne "le fait de commettre un dol en gardant le silence". Cela me rappelle qu'en effet les points de suspension me servent aussi dans cette optique assez 5 : laisser entendre que l'on part d'un socle de connaissances communes et qu'on n'est pas là pour perdre son temps à tout réexpliquer, ou laisser entendre qu'on dispose de certains éléments mais que c'est à l'interlocuteur de montrer qu'il est intéressé s'il espère leur développement.

 

Au plaisir de vous lire à nouveau,

Charlotte

Charlotte (E6 alpha, aile 5)

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Bonjour Charlotte, Fabien, et les silencieux,

 

Merci pour ces précisions, je ne connaissais ni l'aposiopèse ni la réticence, mais en effet les deux correspondent bien à ce que je voulais exprimer. Il m'arrive aussi d'employer les points de suspension dans une optique 5 : "On n'est pas là pour perdre son temps à tout réexpliquer, ou laisser entendre qu'on dispose de certains éléments, mais que c'est à l'interlocuteur de montrer qu'il est intéressé s'il espère leur développement."

 

À l'oral, je les remplacerais alors par "bref, tu comprends ce que je veux dire" (1- je sais de façon certaine que la personne sait de quoi je parle, ou bien j'ai confiance en sa capacité à comprendre ; 2- je pense que l'autre ne comprend pas mais si la personne ne comprend pas, elle n'a qu'à demander) : en général le cas 2 pour couper court à une conversation qui m'ennuie, ou quand je sens que la personne n'est pas vraiment intéressée. Mais il y a là un mélange de projection, introjection et parfois, j'ai honte de l'avouer mais il faut bien le reconnaître, un sentiment de supériorité émotionnelle et intellectuelle — "le temps c'est précieux, donc pas de temps à perdre avec quelqu'un qui ne mérite ni mon attention ni mes informations." Pas beau hein… :sick:

 

Quand je pense que la personne en vaut la peine, je dirais plutôt "tu comprends n'est-ce pas ?", ou "est-ce que tu comprends ce que je veux dire ?" La personne peut alors me dire qu'elle n'a pas compris, et je reprends ou je reformule.

 

Mais quand même, je fais beaucoup plus attention depuis que je connais mes mécanismes égotiques, et si je me surprends en flagrant délit je corrige de suite mon attitude.

 

Merci à tous ici de me permettre de mettre en lumière ce qui sinon resterait volontiers bien caché. :blush:

E4 α, ailes 5 et 3, C-/=, S-/=, X+/-

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Bonjour à tous,

 

J'ai appris à décoder chez elle toute trace de formation réactionelle.

Kayla, si tu pouvais donner quelques exemples dans la zone consarée à l'ennéatype 1, ce serait super chouette !!!… (Je vous laisse interpréter ma ponctuation. :wink:)

 

Très amicalement,

Christine

Christine (1 alpha, aile 9) (C +/-, S -/=, X -/+)
(Tout commence en nécessité et tout doit finir en liberté.)

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Bonjour à tou·te·s,

 

Très intéressant sujet… Pour ma part, j'utilise assez souvent les points de suspension pour marquer une pause, pour indiquer un temps de réflexion, ou pour signaler un jeu de mot ou une allusion sans mettre d'émoticône.

Par SMS, je les utilise souvent surtout avec une amie qui n'emploie quasiment jamais de point. Il y a une part de fusion, et je me dis aussi que les points de suspension sont moins agressifs dans la mesure où ils ne coupent pas franchement le dialogue ou la phrase. C'est plus doux…

 

Autrement, la ponctuation que j'utiliserais le plus naturellement et que je supprime souvent à la relecture sont les parenthèses, qui permettent évidemment les digressions, courantes dans le style de communication de mon ennéatype 9. Il m'arrive même d'imbriquer deux niveaux de parenthèses avant de tourner la phrase autrement ou de supprimer ce qui n'est pas important !

 

Amicalement,

Sevan

Sevan (9α, aile 8, C-/+ S= X+)

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