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Poème d'un 9 suite au stage sur le pardon, il y a longtemps


Francis9

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Maman,

 

Je n'ai jamais bien su, du fond de ma gorge, faire entendre mes besoins, contenter mes désirs,

Et, avec mes petites mains, mes toutes petites mains d'enfant pleines de larmes,

J'ai creusé un puits profond, sur le terrain de la résignation,

Dans lequel, jour après jour, j'ai déposé les armes,

Pour un jour ne plus exister,

Pour une nuit ne plus pleurer.

 

Tu n'as pas su mesurer ma souffrance et ma détresse tout au fond de mon regard

Et avec mes petites mains, mes petites mains d'enfant encore humides,

J'ai rempli ce puits, sur le terrain du renoncement,

De toutes mes envies, mes désirs, et surtout de tous mes besoins,

Car j'ai perçu un jour, que tout cela ne servait à rien,

Car j'ai appris un jour que, gentil petit, il fallait que je reste.

 

Thierry, Robin, et Jean étaient là pour me venger des méchants,

Et avec mes petites mains, mes petites mains d'enfant,

J'ai inondé ce puits, sur le terrain de l'abandon,

De toute ma souffrance pleine de larmes, de peines, de désespoirs et de colères aussi,

Car c'est un fardeau trop lourd pour mes petits bras,

Car c'est un fardeau trop lourd pour mes petits bras d'enfant.

 

Tu as vu en moi un enfant calme, sage, gentil et facile,

Et avec ma petite tête, ma petite tête d'enfant,

J'ai perdu mon puits, sur le terrain de l'oubli,

Et j'ai laissé dedans tu sais quoi, tu sais qui,

Car quand on a perdu son puits, on ne sait pas, on ne sait plus,

Car quand on a perdu son puits, on ne sait plus, on ne sait pas.

 

Depuis toujours, je suis ton petit, mais moi j'ai grandi,

Et avec le petit enfant blessé, le petit enfant blessé qui est en moi,

J'ai retrouvé mon puits, sur le terrain du pardon,

Et les larmes si profondément enfouies percent en surface et coulent, acides, le long de mes joues,

Et je remonte du fond de ce gouffre, chaque blessure et déchirure,

Intactes après des années de vide, de silence et d'oubli.

 

Il m'a fallu du temps pour approcher l'enfant blessé en moi,

Et maintenant, ensemble, nous vidons notre puits sur le terrain des retrouvailles,

Et nous savons qu'il faut aller au fond, dans le froid et dans le noir,

Et passer par la couche sombre, celle qui nous fait toujours un peu peur,

Pour atteindre nos envies, nos désirs et surtout nos besoins,

Pour y puiser enfin la lumière, la paix et l'harmonie.

 

Il m'a fallu du temps pour commencer à comprendre,

Et trouver en moi l'explication de mon fonctionnement,

Et avec ce puits qui s'ouvre, sur le terrain du comprendre,

Je peux mesurer la part qui est la mienne dans notre relation,

Je peux accepter la colère qui m'habite depuis si longtemps devant un tel cimetière de souffrances oubliées,

Je peux enfin, tendre la main à toutes ces petites mains humides qui sont en moi.

 

Il me faudra quelque temps encore pour mettre à jour tout mon trésor,

Et faire le tri de tant d'années,

Et avec ce puits ainsi ouvert, sur ce terrain de fouille,

Je m'émerveille de découvrir toutes ces choses qui sont à moi,

De retrouver ce passé oublié qui est le mien et de sentir, enfin, en moi, les émotions monter,

Je vais savoir à quoi penser, je vais savoir à quoi rêver.

 

Il me faudra quelques années pour échapper à tant de vide,

Mais cela ne fait rien car je sais que mon chemin est enfin ouvert,

Et du puits ainsi ensoleillé, sur le terrain du devenir,

Y coule, enfin, une eau d'amour, claire et douce,

Comme les larmes d'un enfant, celles qui guident mes pas de voyageur,

Pour grandir vers la lumière, pour enfin trouver l'amour, tout l'amour que j'ai en moi.

 

Mars 2001

Francis (9 mu, Conservation)

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Bonjour Francis,

 

Je ne peux pas laisser ton post sans réponse tellement il me frappe et tellement il me parle. Je le relirai plus tard, plus calmement. Pour tenter de comprendre toutes ces émotions qu'il soulève en moi.

Je mesure pleinement la dose de courage qu'il t'a fallu pour poster ce merveilleux poème ici, et je te remercie de l'avoir fait.

 

Amicalement,

Kiemantine

Kiemantine (E9 alpha)

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À mon tour de te remercier, Francis, pour ce poème, qui illustre vraiment bien à quel point le pardon nous permet d'éclairer nos blessures enfouies (et bien enfouies !!), de les comprendre, et surtout de les poser quelque part pour nous permettre d'avancer sur le chemin de la vie !

Oui, il faut bien un certain temps pour apercevoir le fruit de ce cheminement…

 

Amicalement

Isabelle

Isabelle (E1 alpha, C++ S-/= X+, aile 2)

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