Trop plein d'envies efface toute envie

[Âmeor]

Bonsoir Fabien, bonsoir tout le monde,

 

Je vous écrit ce soir, tandis que je tente de définir les méandres de mes sentiments. Sans attendre, là, à chaud, j'observe, je partage avec vous…

 

Depuis plusieurs jours je suis dans un proccessus de rangement. En effet mon atelier (enfin la pièce que je me suis réservée dans la maison pour construire mes rêves) était dans un tel état que j'ai décidé de tout mettre en ordre. Ce qui pour moi n'est pas une simple affaire car je garde. Quand je dis, je garde, j'entends que j'ai accumulé des années durant des trucs et des machins, pensant que j'en aurais besoin. Tout d'abord j'ai gardé soigneusement tout un tas de lettres que j'avais commencé et que je n'ai pas envoyé. Il fût un temps où retrouver ces lettres, ces écrits griffonés sur des petits bouts de papiers nourissaient mon sentiment de nostalgie. Il me suffisait de replonger dans ces bouts de passé pour retourner dans un monde révolu, et je m'attachais à eux comme le seul lien à ce que j'avais été, leurs donnant une importance tellement énorme que j'ai retrouvé des écrits datants de 1978, 1980… Comme tout d'un coup tout cela m'a paru absurde ! J'ai rempli trois énormes sacs de ces parasites jaunis sans même sentir le moindre remord de me débarasser ainsi d'une partie de mon vécu.

 

Ce détachement de poussières produit en moi une drôle de sensation, une certaine fébrilité, comme quelque chose qui doit éclore en moi, de moi, et je ne sais pas encore quoi. Au fur et à mesure que je me débarasse, mon esprit créatif redouble, je suis en ébullition de tout ce que j'ai envie de créer. Et je n'ai pas la patience d'attendre, je voudrais être arrivée au bout de tout ce rangement pour m'y mettre !

 

Je reviens d'une séance de signature d'une illustratrice de livres pour enfant (elle fait beaucoup d'autres choses aussi, Pascaline Mitaranga). Tout le temps que je suis restée à attendre mon tour pour avoir ma dédicace, je me suis imprégnée de son univers, sentant chacun des traits de ses illustrations, me voyant moi-même les dessiner… Je suis marionnettiste, pas illustratrice, et pourtant je sentais que l'illustration était à ma portée. Et me revoilà partie dans de nouveaux fantasmes de créations qui m'éloignent des objectifs que je me suis fixés.

 

Je me retrouve avec le cœur dans un étau, avec l'impression que je n'œuvre pas encore dans le bon sens, que je ne travaille pas assez et que mon mental lui travaille trop… Ces sensations de m'éparpiller, de ne pas arriver à cerner mes vraies valeurs, mes vrais désirs créatifs, m'arrêtent, me bloquent… Comment gérer ça ?

 

Merci de votre attention, et merci de toutes vos réponses.

Âmeor

[Fabien Chabreuil]

Bonjour Âmeor,

 

"Tout le temps que je suis restée à attendre mon tour pour avoir ma dédicace, je me suis imprégnée de son univers, sentant chacun des traits de ses illustrations, me voyant moi-même les dessiner… Je suis marionnettiste, pas illustratrice, et pourtant je sentais que l'illustration était à ma portée.

En termes d'Ennéagramme, nous voilà avec un superbe mécanisme de défense d'introjection, accompagné de la passion d'envie.

 

"Ces sensations de m'éparpiller, de ne pas arriver à cerner mes vraies valeurs, mes vrais désirs créatifs, m'arrêtent, me bloquent… Comment gérer ça ?"

La priorité est évidemment de diminuer l'introjection, puisque c'est elle qui t'amène à avoir des envies qui ne sont pas les tiennes. C'est parce que l'introjection t'emplit de l'autre que tu ne sais plus ce qui est réellement toi.

 

Très amicalement,

Fabien