Les tribulations d'une 4 au contact d'un DG 8

[Bridget]

Bonjour Fabien,

 

Bon, je crois que j'ai beaucoup parlé de moi dans les précédents messages. Je vais donc tenter un autre exercice qui est de vous décrire des personnages de mon entourage. 

 

Nous allons commencer par mon Directeur Général, un 8 bien trempé qui m'oblige à beaucoup travailler sur moi, moi qui suis 4 et qui réagis toujours émotionnellement au quart de tour, mais qui avec lui, est obligé de maîtriser les choses au risque d'être emportée dans des tempêtes incontrôlables. 

 

Bon, pour vous mettre dans le bain, voilà ce qui s'est passé hier.

 

Voilà notre homme qui, d'un pas franc, déterminé et sûr de lui, passait à côté de mon bureau pour aller aux toilettes, mais qui s'arrête dans son élan pour passer la tête par la porte du bureau que j'occupe avec mon supérieur hiérarchique (qui est au passage un 9) et dire :

- Je vous le dis : ils ont vraiment décidé d'organiser un concours.

- Ah bon et lequel ?, demandais-je.

- Le concours de celui qui fera le plus "chier" le DG de cette boîte et je peux vous assurer qu'ils s'y sont tous inscrits à ce concours… (Je comprends qu'une nouvelle journée commence sur le ton : qu'est ce que c'est tous ces "cons incompétents" qui ont décidé de me faire "chier" aujourd'hui.)

Mon supérieur et moi éclatons de rire et mon supérieur ajoute en bon médiateur qu'il est :

- Tu devrais vraiment faire du théâtre. Tu sais qu'on ne s'ennuie pas avec toi.

Toujours en riant, je réponds à mon tour en m'adressant à notre homme :

- Tu es vraiment sûr qu'ils se sont tous inscrits (en appuyant bien sur les mots "ils" et "tous"). Je suis sûre qu'en cherchant bien on devrait en trouver encore un ou deux qui n'ont pas compris qu'un concours avait été lancé.

Puis, toujours sur le ton de la rigolade (car je soupçonne notre homme d'avoir une belle aile en 7), la conversation a continué bon train sur le thème évoqué ci-dessus. 

 

Bon, vous n'avez pas le son mais vous qui connaissez l'ennéagramme, vous pouvez imaginer l'énergie qui a été déployée pendant ce petit interlude (entre son bureau et les toilettes, je le répète). Pour moi, je peux vous assurer que c'est vraiment des fois (pas toujours malheureusement et pourtant je tente !) à mourir de rire. 

 

Bon ceci n'était qu'une mise en bouche.

 

Pour tenter de vous raconter mes tribulations quotidiennes au contact de ce 8 de DG, je vous invite à directement venir voir ce qui se passe dans mon entreprise. Pour cela je vais me servir de ce que j'ai pu y vivre et y récolter. Donc tout ce qui sera rapporté ici est issu de mes réunions ou de ce que j'ai pu entendre venant de ci de là et je vous assure : tout est l'exacte vérité.

 

Imaginez-vous donc avoir un rendez-vous avec lui dans son bureau. Si jamais il vous prenait l'envie de monter à son bureau à pied en empruntant les escaliers, voilà ce que vous pourriez entendre avant d'ouvrir la porte :

- Bon M… (il parle à sa secrétaire), dites-moi qui est le prochain "branle" à qui je vais désosser la tête ? 

- Vous avez maintenant rendez-vous avec M. Untel.

- J'espère que ce nul ne sera pas trop en retard.

De quoi vous mettre en confiance !

 

Bon, vous arrivez. Il vous fait entrer dans son bureau agencé par lui, donc à son image (je devrais dire à son ego !). 

 

La première chose qui vous saute aux yeux en entrant, c'est un dessin au crayon noir, trônant sur l'étagère face à la porte (entre parenthèses, c'est la zone de réputation en fengshui, donc symbolisant la réussite !). Ce dessin croque une scène du plus fameux film de mafieux contre mafieux qui soit, soit "Les Tontons Flingueurs" que mon DG vous dit adorer ; il représente la fameuse scène de la cuisine où ils sont tous ronds comme une queue de pelle avec tous leurs millions volés étalés sur la table. On peut lire sur le dessin dans une bulle attribuée à Lino Ventura ivre mort tendant son verre de vodka "J'ai connu une polonaise qui en prenait au petit-déjeuner", alors que Robert Dalban tient dans ses mains un flingue encore fumant… De quoi vous annoncer la couleur ! 

 

Vous, laissant traîner votre regard (attention pas trop longtemps car il va vous falloir très vite montrer que "vous en avez" sinon gare à vous !), vous allez vite tomber sur un cendrier rempli de mégots (tiens, tiens, le bonhomme fume dans les locaux, transgressant ainsi allègrement la loi, laquelle doit bien sûr être respectée par les salariés sous peine de sanction !) et que mon DG vous tendra en vous demandant si vous ne voulez pas en "griller" une avec lui. Il ajoutera très certainement de ne pas hésiter si le coeur vous en dit, car il n'y en a pas un qui a intérêt d'aller se plaindre à l'Inspection du Travail. Puis vous aurez certainement droit au :

- Vu le niveau de compétence qu'ils sont tous capables d'afficher ! De toute façon je vais virer 80% des effectifs car ce sont tous des nuls ! 

Bon, vous ne pourrez pas dire qu'il ne vous a pas mis au parfum ! 

 

A part cette représentation des Tontons Flingueurs, vous découvrirez, sur une autre étagère à côté de son bureau, une photo de Georges Brassens et une effigie de Napoléon Bonaparte. Vous demanderez peut-être, comme je l'ai moi-même fait suite à un stage d'ennéagramme pour voir sa réponse, s'il connaissait Georges Brassens et il vous répondra :

- Non mais c'est pour la verdeur de ses textes que je considère être de la

vraie

poésie ? 

Quant à Napoléon, vous n'aurez pas besoin de demander quoi que ce soit pour comprendre qu'il voue à ce personnage historique une véritable admiration. Lui au moins c'était homme un vrai, un qui en avait !

 

La réunion commence. Je vous conseille une petite recette donnée par nos amis les Chabreuil au cours d'un de leurs stages et qui a fait des miracles dans mon mode de communication avec lui, c'est-à-dire de vous tenir bien droit, les pieds bien plantés au sol, et de le regarder, bien dans les yeux tout en étant sûr de vous, sinon… vous êtes un homme mort. D'ailleurs, au moindre fléchissement de votre part, vous aurez vite des piqures de rappel de sa part pour vous obliger à vous redresser et lui montrer que vous tenez la cadence. Vous aurez peut-être droit à des jugements du type :

- Vous me parlez de cet avocat, mais c'est une petite frappe ! 

Ah moins qu'il ne vous sorte le grand jeu, comme il me l'a fait alors que nous étions tous les deux en réunion. Imaginez. Je le vois me regarder bien en face et me dire :

- Tu m'a bien vu Bridget. Eh bien… (et là, il mime qu'il a un fusil entre les mains et fait un mouvement avec ces deux bras comme s'il suivait une proie du viseur de son arme) Tu vois, je suis le snipper de cette société. Le premier qui passe dans mon viseur… Pan… Je tire et le tue ! 

Non, rassurez-vous nous n'êtes pas chez les fous, mais juste en face d'une des neuf manifestations égotiques recensées à ce jour et qui est tout simplement en train de vous expliquer que, sans connaître l'ennéagramme, il est bien en connexion avec sa fixation qui est la vengeance. (En effet, comme je travaille à la RH, il m'expliquait, juste à sa façon, qu'il en avait marre de tous ces nuls et qu'il allait leur faire la peau.)

 

Bon, la réunion se termine. Il vous demande de lui ramener, alors qu'il est déjà cinq heures de l'après-midi, ce qu'il vous a demandé pour le soir même. Tout ça pour vous tester et voir si vous êtes capable de lui tenir tête ! Alors si vous n'avez pas osé lui dire que ce n'était pas possible, je vous préviens que c'est mal barré pour vous, vous êtes bon pour vous payer une bonne dose de stress, et vous n'aurez gagné que la reconnaissance d'aller rejoindre le vaste troupeau des "branles".

 

Mais même stressé, vous repartirez certainement en gardant le souvenir d'un homme direct, compétent qui n'y va pas par quatre chemins, énergique mais quelque peu impatient, déterminé et tenace, un homme qui vous aura impressionné par son charisme tout autant que par ses excès. A moins que vous vous demandiez où vous avez atterri. En tout cas, il ne vous aura pas laissé indifférent.

 

Et si vous reprenez l'escalier et que vous attendez un peu derrière la porte (attention de ne pas vous faire prendre car notre homme n'aime pas cela car il pourrait prendre cela pour de la trahison), vous entendrez sa secrétaire lui remettre une lettre de quelques partenaires qui se sont vus "désosser la tête" mais qui se sentent le courage de se rebiffer par écrit et lui de dire :

- Ah tiens, ils se sont achetés des couilles cette année !

Là dessus, entendant que votre réunion s'est terminée, j'arrive, tout sourire, pour lui transmettre un dossier qu'il m'avait demandé de lui apporter plus tôt dans l'après-midi :

- Ah tiens, ça fait plaisir de voir qu'il y en a au moins une qui est capable de franchir ma porte en souriant.

Et je lui tends, de façon décidée et sûre de moi, le fameux dossier en tournant les talons.

 

Avec lui vous aurez compris qu'il n'y a pas de demi-mesure, ni de tiédeur, tout est dans sa passion : l'excès. 

 

Voilà Fabien, j'espère que tout cela a été clair. Je reviendrai dans mes prochains messages sur lui car, notant tous les jours ce qui peut se passer, je pense en avoir encore des répliques croutillantes à vous distiller.

 

Je t'embrasse. 

Bridget

[Fabien Chabreuil]

Aaaaah ! C'est trop beau ! J'en pleure de rire.    

 

Très amicalement,

Fabien

[Aurolaf]

Bridget,

 

Excellent !!    Moi aussi, je viens de pleurer de rire pendant dix minutes… Mon mari est même venu voir ce qu'il se passait et a attrapé un fou rire en te lisant (son DG est 8 et le précédent l'était également…).

 

L'avantage, c'est qu'avec toutes les têtes qu'il va couper, tu as du boulot pour un moment en temps que RH !! 

 

Bises.

 

PS : "Ah tiens, ils se sont achetés des couilles cette année !" Je n'ose même pas dire le nombre de fois où j'ai énoncé cette phrase. 

[Bridget]

Bonjour Fabien,

 

Tout d'abord très bonne année à toi et Patricia.

 

Je sais, j'ai déserté le forum depuis pas mal de temps et vous ai laissé sur votre faim quant à mes tribulations avec mon DG, mais, comme tu le sais, mes problèmes personnels plus la cadence infernale imposée par mon DG ne me laissent pas beaucoup de temps pour le reste. Mais pendant ce temps, je continue d'emmagasiner des anecdoctes toujours aussi croustillantes, et vous les délivrerai dans quelques temps. En attendant, je ne peux m'empêcher de vous rapporter les vœux de mon DG 8 pour cette année 2009, et ce d'autant que c'est d'actualité.

 

Je reviens donc de congé et croise mon DG dans les couloirs. Comme il se doit, je lui souhaite tous mes voeux de bonheur (eh oui, une 4[:b] ne peut difficilement pas souhaiter autre chose !) et lui me répond :

« Eh bien moi, cette année mes vœux sont simples. Ils se résument à deux choses essentielles :

- La santé (sous-entendant « car sans cela vous ne pouvez être compétents bande de nases ») ;

- Et que la vie vous épargne des cons car contre ça, on ne peut rien !   »

 

Sur ce, je vous laisse méditer sur ces vœux qui en disent long… 

 

À très bientôt,

Bridget

[Fabien Chabreuil]

Bonjour Bridget

 

Merci pour tes voeux. À toi aussi une très belle année 2009.

 

"Et que la vie vous épargne des cons car contre ça, on ne peut rien !  "

Il est, ma foi, en pleine intégration… puisqu'il avoue un domaine où il est impuissant ! 

 

Très amicalement,

Fabien