Institut Français de

l’ennéagramme

À quoi sert tout le reste...

Aller au contenu

Les types et la punition


Jean-Nicolas

Messages recommandés

Bonjour à tous !

J'aimerais lancer une réflexion sur la punition, telle que vécue par chaque ennéatype.
Comment chaque type "aime-t-il" punir ?
Quelle punition chaque type considère-t-il comme "acceptable" ?

Cette idée m'est venue en lisant deux passionnantes discussions, l'une sur le blog, "Les trucs du Père Fouettard" qui traite le sujet sous l'angle de la Spirale Dynamique, l'autre sur ce forum, "Quand l'Ennéagramme peut rendre l'ego casse-couilles". Alors que je pense que presque tout a été dit par la Spirale Dynamique, je reste un peu sur ma faim quand on traite le sujet de la punition par l'ennéagramme. Voici deux extraits :
Fabien : "Par exemple, tu peux trouver des punitions pour ton fils (nécessaires pour développer BLEU) qui n'activent pas sa False Core."
Aurore : "Côté punition, j'ai inauguré une nouvelle méthode à la maison : l'enfant choisit lui-même sa punition ! Cela fonctionne plutôt très bien ! Aucun risque de taper dans la False Core !!!!

Je me suis donc demandé si en tant que 5, je présentais des spécificités face à la punition.

Tout d'abord, la définition : "Ce que l'on fait subir à l'auteur d'une simple faute. Châtiment, peine, sanction." Dixit le Petit Robert.
Donc, si la punition n'a pas un objectif éducatif, alors elle est vide de sens, c'est du sadisme, un défoulement…

Pour moi, la punition est avant tout une forme de communication violente. On peut punir verbalement, ou non verbalement (punition psychologique), ou physiquement. Mais c'est toujours le dernier recours. L'objectif final est quand même de modifier le comportement de l'autre, de lui "faire comprendre" qu'il a mal agi. C'est ce qu'on utilise quand on échoue avec le raisonnement (oui je sais, c'est du mental mais c'est ainsi que je vois les choses).

Voici mon attitude vis-à-vis de la punition :

  • Je déteste punir, je préfère raisonner, en général avec de l'humour ou de l'ironie. Exemple : quand mes enfants jouent avec la nourriture au lieu de me fâcher et/ou de punir (je retire la nourriture), je leur dis : "Ok, tu joue avec tes aliments ? Pas de problème, ce soir, je te donne à manger tes jouets." Ce type de recadrage crée en général une confusion visible (dont je me régale intérieurement  :laugh:) et quand le gamin retrouve des Lego dans son assiette le soir, le message passe assez bien.
  • Bien sûr, ce canal de communication par le mental ne marche pas à chaque coup. Si un de mes enfants me frappe, dans un premier temps, je fais semblant d'avoir mal (je montre ce que je ressens, je suggère les conséquence de son acte), et s'il recommence je rends le coup (bien entendu beaucoup plus fort, car ce n'est pas un jeu) dans un délai en général inférieur à la microseconde : effet garanti !
  • Punir en activant la False Core ? A vrai dire je ne comprends pas bien. En blessant psychologiquement l'autre ? En appuyant sur le bouton rouge, celui qui fait mal ? Je ne vois pas comment ça marche.
    Prenons l'exemple du 5. On pourrait le punir en l'ignorant, faire comme s'il n'existait pas. Quelle aubaine, il a enfin la paix ! Ce n'est pas une punition, c'est un cadeau. Le priver d'information ? Confisquer ses livres ? Je trouve cela moins dur que le priver de nourriture ou le frapper. On pourrait l'insulter : tu n'est qu'un imbécile, tu n'as rien dans la tête ! Je crois que c'est vexant pour tout le monde, pas seulement pour le 5 (ou le 6 ou le 7).
    Tiens, je vous lance un défi : inventez une punition ciblée sur le 5. Quelque chose qui ne blesserait que moi, mais qui passerait pour rigolo ou amusant pour n'importe quel autre type.
  • Recevoir une punition. Si je suis conscient de ma faute, j'accepte la punition. Si je ne suis pas conscient de ma faute, j'attends qu'on m'explique. Dès que j'aurai compris le problème, je pourrai changer mon comportement.
    Donc le sentiment de justice prédomine. Pourtant dans 80% des cas je trouve que le punisseur n'agit pas avec honnêteté (peut-être devrais-je dire sans émotion) ; il agit dans un esprit de vengeance (comment as-tu pu me faire ça à moi, tu vas me le payer, etc.). Il en retire une satisfaction, voire une jouissance. Je ne sais pas si cela active ma False Core, mais en tout cas je déteste. D'ailleurs, il me semble qu'il y a encore aujourd'hui des états en Amérique où l'exécution capitale peut se dérouler en présence des familles des victimes. La punition qui soulage en quelque sorte. Je crois que c'est ce point qui me révolte le plus dans une punition, plus que sa nature. Je pense sincèrement que si une émotion doit se manifester quand on inflige une punition, c'est de la tristesse, du chagrin. Jamais du plaisir.
    J'aime assez bien l'idée de choisir sa punition à condition qu'il y ait un esprit d'honnêteté. Il y a des cas dans la société où le condamné peut choisir entre une peine de prison ou des travaux d'utilité publique. Cela me semble assez sain. Par contre comme l'a précisé Fabien, à éviter avec une personne 4. Ma fille a même tendance à s'auto-punir. Donc prudence.

Voilà en gros quelques réflexions sur la punition vue de mon type. Je lirai vos commentaires avec plaisir.

Merveilleuse journée à tous !
Jean-Nicolas

Jean-Nicolas (E5 mu, aile 4, C++ S= X+)

Lien vers le commentaire
Partager sur d’autres sites

Fabien Chabreuil

Bonjour Jean-Nicolas et les lecteurs à venir,

 

"C'est ce qu'on utilise quand on échoue avec le raisonnement (oui je sais, c'est du mental mais c'est ainsi que je vois les choses)."

Encore faut-il que la personne soit capable de comprendre un raisonnement… Je me souviens d'un épisode alors que j'étais encore informaticien. J'avais acheté un produit auprès d'une société et ne souhaitais pas recommencer. Cette société m'envoyait mensuellement des fax publicitaires. Je les ai renvoyés, j'ai écrit une lettre pour demander à être rayé de leur fichier, j'ai téléphoné à la personne concernée en lui expliquant gentiment que je ne voulais pas être sur sa liste de mailing, je lui ai retéléphoné tout aussi aimablement. Après ces cinq tentatives inutiles, j'en ai eu assez. J'ai rappelé ladite personne et je l'ai verbalement massacrée. Elle a fondu en larmes et m'a demandé : "Pourquoi me traitez-vous ainsi ?" Je lui ai répondu : "Parce que j'ai essayé toutes les autres méthodes en vain. Vous avez été incapable de comprendre. Peut-être y arriverez-vous cette fois-ci ?" Je n'ai plus jamais reçu de fax de cette entreprise.

 

Alors oui, la punition a bien été là un échec et un dernier recours. En avais-je d'autre ? Je ne sais.

 

"On pourrait le punir en l'ignorant, faire comme s'il n'existait pas. Quelle aubaine, il a enfin la paix !"

T'ignorer et te montrer que tu n'existes pas sont deux choses bien différentes. Peut-être n'as-tu pas assez exploré ta False Core ? (Je peux comprendre, ça fait très mal. :laugh:)

 

"Par contre comme l'a précisé Fabien, à éviter avec une personne 4."

Mes réticences en ce domaine allaient au-delà de l'ennéatype 4 et tenait compte du positionnement sur la Spirale Dynamique.

 

La Spirale Dynamique justement a beaucoup changé mon attitude face à la punition. Remontons donc le temps, avant la Spirale Dynamique, avant l'Ennéagramme, avant le développement personnel… quand j'étais jeune et un peu con :

  • Je n'ai jamais supporté de recevoir des punitions parce que cela fait mal et parce que c'est une forme de pouvoir. Pour la même raison, je méprisais les récompenses perçues comme une forme de punition en creux.
  • Le plus souvent, je me débrouillais donc pour ne pas avoir de punition (astuce, force, fuite, séduction, manipulation, mensonge, tout était bon pour y échapper). Quand elle tombait quand même, je ne l'acceptais jamais de bonne grâce et ressentais pour la personne qui me la donnait une véritable haine que je ne me donnais pas la peine de cacher.
  • Ma position officielle était que je me refusais à punir. C'était indigne de mon intelligence et de ma noblesse d'âme ! :hautetfort: Dans la pratique, impatient et plutôt colérique, j'étais assez (très ?) punitif. :wink:
  • L'aile 8 et son désir de vengeance n'arrangeait rien.

Très amicalement,

Fabien

Lien vers le commentaire
Partager sur d’autres sites

Hello,

Quel délicieux sujet que voilà, je l'ai découvert il y a deux heures et j'ai accéléré la mise au lit de mes enfants pour pouvoir y répondre tranquillement !!

Je suis 8, inutile de dire que la punition est, hélas, chez moi un mode quasi permanent et peut parfois prendre la forme d'un plaisir presque sadique (pour ceux qui ont fait le stage Connexions, vous reconnaîtrez le contrepoids égotique).
La fixation du 8 étant la vengeance, la punition est là en permanence et peut se traduire chez moi sous forme physique (je frappe) ou sous forme de violences verbales ou psychologiques, ce qui, je crois, est pire.
Cette capacité à trouver le mot qui blesse, qui tue, qui détruit est un "talent" terrible : sous le coup de la colère, je peux laminer une personne en un ou deux mots… et souvent je le regrette lorsqu'il s'agit de ma famille, de mon mari ou de mes propres enfants. C'est l'un des aspects de mon ego qui me fait le plus peur.

J'ai quelques baromètres personnels qui me permettent de mesurer mon niveau de désintégration et, parmi eux, il y a le recours à la punition et à la menace.
Dans mon langage quotidien, la menace (de punition) est très présente : "si tu ne fais pas ça, il t'arrivera ça…" En ce moment, où je ne vais pas très fort (c'est le moins qu'on puisse dire :sarcastic:), mon mari passe ses week-ends à me reprendre et à me faire remarquer ces tournures de phrases.
Bref je pourrais écrire un livre avec toutes les punitions physiques ou psychologiques que j'ai pu infliger. Bien évidemment, la punition (vengeance) est en lien direct avec ma volonté de toute puissance, de pouvoir et de contrôle.
Parfois, la punition peut être à la fois physique et psychologique : vers l'âge de 22 ans, avant d'avoir commencé le développement personnel, mon petit ami m'a fait subir une trahison (de mon point de vue - l'évènement était en fait anodin) ; je suis descendue dans la rue comme une furie, j'ai arraché le rétroviseur de sa voiture et j'ai entrepris de détruire la carrosserie de la voiture à coup de rétroviseur. Sa voiture était bien évidemment un objet important pour cet individu… Le punir en détruisant sa voiture m'était alors apparu comme une évidence.

La punition lié à la vengeance est pour moi un véritable sujet de souffrance, parce que c'est le trait de mon ego qui affecte le plus les gens que j'aime.

Il m'est arrivé récemment, sous le coup de la colère, de hurler "je m'en vais" et de laisser mes deux fils avec la nounou pour aller faire le tour du pâté de maison en courant pour me calmer. Il s'agissait d'une punition qui leur était infligée car ils m'avaient poussé à bout pendant le repas. Lorsqu'on sait que mon petit dernier est en ce moment dans la peur très prononcée de l'abandon, ce genre d'attitude est inacceptable.

Pour ce qui est "recevoir une punition" : c'est une chose inenvisageable pour moi !
Recevoir une punition, ça veut dire que quelqu'un prend le contrôle sur moi… IMPOSSIBLE !
Je m'arrange toujours pour éviter la punition, pour la négocier ou pour trouver des arguments pour la contrer.
J'ai très peu de souvenirs de mon enfance, mais je me souviens très bien d'une scène lorsque j'avais dix ou onze ans : un matin de week-end, je m'étais levée et je m'étais rendue compte que mon petit frère (quatre ou cinq ans) avait mangé tout le petit déjeuner sans rien me laisser. Folle de rage, je m'étais levée de ma chaise et je lui avais collé une gifle si forte que sa tête avait heurté le montant de la chaise qui avait basculée sur le sol !
Fou de colère, mon père (un 8 alpha comme moi) m'avait alors poursuivi pour me donner une fessée (Chose qu'il ne faisait jamais. Il avait habituellement recours à la punition psychologique et non pas physique). Je m'étais alors enfermée à clef dans ma chambre. Mon père, au sommet de la colère, avait entrepris de défoncer la porte. Je m'étais alors froidement assise sur le rebord de la fenêtre (nous habitions alors au huitième étage) et j'avais hurlé "si tu défonces la porte, je saute par la fenêtre". N'importe quel moyen était bon pour échapper à la punition ! Ma mère avait réussi à calmer mon père et à l'empêcher de défoncer la porte. Elle avait ensuite passé une partie de la matinée à négocier, à travers la porte, une punition que je jugeais acceptable.

Bien sûr, il m'arrive d'infliger des punitions éducatives (ex : tu as écrit sur le mur, tu dois maintenant passer dix minutes à nettoyer ta bêtise), mais je le fais sans colère, plus par obligation éducative. Parce que, finalement, lorsque je ne suis pas dans la vengeance, je déteste infliger des punitions !

Jean-Nicolas, tu m'as beaucoup amusée avec : "Ok, tu joue avec tes aliments ? Pas de problème, ce soir, je te donne à manger tes jouets." Ca m'a donné des idées… Je viendrais vous raconter la tête de mon fils 7 lorsqu'il se retrouvera avec ses legos dans l'assiette ! :miam::rofl:

Je souhaite également préciser que, depuis la mise en garde de Fabien, j'ai cessé de laisser choisir à mon fils 4 ses punitions. Il évolue d'ailleurs de manière très positive et je n'ai presque plus besoin d'avoir recours à la punition, en ce qui le concerne (je bénéficie d'une sorte de période de grâce car il est entré dans le vMème BLEU !!).

Voilà pour mon témoignage que j'ai essayé d'écrire de manière sincère, même s'il dévoile le côté sans doute le plus obscur de ma personnalité, celui qui me cause le plus de souffrance, celui dont je voudrais le plus être débarrassée.

Amicalement.

Aurore (87 alpha, C++, S-/+, X+)

Lien vers le commentaire
Partager sur d’autres sites

Bonjour Aurore, Fabien et tous les autres,

 

Tout d'abord, merci Aurore pour ton témoignage. Ta sincérité m'a beaucoup touché. Cette franchise dont tu fait preuve est très importante pour moi, et sans doute pour tous les autres, car elle me permet de voir "derrière le mur". Il y a plusieurs années je me serais arrêté à ma première impression, fausse évidemment. J'ai encore toujours quelques difficultés avec les 8 (c'est aussi mon type de désintégration, donc mon côté "obscur"), mais ce genre de témoignage m'aide beaucoup.

 

J'ai une ou deux remarques à faire.

 

"Bien sûr, il m'arrive d'infliger des punitions éducatives (ex : tu as écrit sur le mur, tu dois maintenant passer dix minutes à nettoyer ta bêtise)."

Pour moi ce n'est pas une punition, c'est la logique des choses. Tu casses => tu répares ! Tu ne répares pas ? Alors punition ! Tu me fais de la peine => tu t'excuses. Tu ne t'excuses pas ? Punition.

 

Fabien, je te rejoins totalement sur la punition et le canal du mental. A plusieurs reprises, je me suis aussi rendu compte que la personne avec qui j'avais un problème ne "comprenait" pas le reproche que j'avais à faire, et qu'effectivement une bonne engueulade faisait passer le message beaucoup mieux. Avec moi c'est tout le contraire. Me faire enguirlander bloque mon cerveau et déclanche(ait) du mépris pour l'autre. Comme pour moi pousser une "gueulante" est le dernier recours, je projette sur l'autre et pense qu'il communique avec moi aussi "en dernier recours", ce qui est naturellement (probablement) faux.

 

Tu as dit un autre truc qui fait sens pour moi : "Je méprisais les récompenses perçues comme une forme de punition en creux." Je me souviens que plus jeune, je me méfiais des récompenses que je voyais surtout comme une volonté de m'acheter (déclencher le principe de réciprocité), donc de prendre du pouvoir sur moi afin, ensuite, d'obtenir quelque chose de moi, ce qui n'est pas compatible avec ma passion d'avarice. Aujourd'hui je suis plus à l'aise et suis capable d'accepter la générosité de l'autre.

 

Amicalement,

Jean-Nicolas

Jean-Nicolas (E5 mu, aile 4, C++ S= X+)

Lien vers le commentaire
Partager sur d’autres sites

×
×
  • Créer...