Le 6 et la supériorité mentale du 7

[Andie]

Dans la conversation "Les autres sont tous de cons", Fabien a répondu ceci à Aurore :

Toute plaisanterie mise à part, ce narcissisme, ce sens de notre propre supériorité est un des gros problèmes des 7. C'est l'un des pôles de notre dualité (cf. stage Ailes). Même quand nous ne l'affichons pas volontairement, ce sentiment que "les autres sont tous des cons" est bien souvent visible. Il est une source de souffrance pour les autres et une cause de rejet pour nous.

J'ai un oncle 7 qui a un humour incroyable, des blagues à n'en plus finir dont la plupart sont au deuxième ou troisième degré  (même au chevet de son père décédé pour éviter de pleurer = émotionnel réprimé). Ce qui fait qu'étant jeune, il m'a été souvent difficile de le suivre et de rire de ses histoires.

 

J'ai toujours été admirative de sa capacité à faire rire et à avoir un trésor de blagues dans un sac sans fond, mais j'ai aussi ressenti une grande souffrance surtout à l'entendre dire "une fille ne peut pas comprendre" ou encore "t'es trop jeune".  Notamment, en période d'adolescence, où on veut faire partie des grands, même si on ne l'est pas encore, l'entendre se marrer avec les autres sur des blagues cochonnes ou autres n'a fait que renforcer ma souffrance et mon sentiment d'être nulle. Ce ressenti sur sa capacité et sa supériorité mentales m'a souvent complexée et renfermée sur ma relation à lui et aux autres. Cette cause de rejet par les autres exprimée par Fabien ci-dessus, je l'ai dédié à mon oncle, qu'à la fois j'admirais et haïssais. Faute à un mental qui bascule et surtout à ses petites (pour lui) piques qui, pour moi, devenaient plutôt des coups de poignards en plein coeur et de plein fouet. 

 

Maintenant c'est différent. L'âge et l'expérience ont fait la différence, et grâce à Internet et aux nombreuses blagues que je reçois, je suis devenue une intermédiaire fournisseur à mon tour de blagues de toutes sortes.  Bon, ok, de là à en retenir et à faire rire un groupe comme il le fait… il me reste du chemin.

 

Il y aussi un autre domaine où j'ai ressenti la même chose et où j'ai retrouvé mon bourreau : j'ai toujours été nulle en maths, "épreuve" dans tous les sens du terme où je m'ennuyais profondément et en plus, la discipline préférée de mon oncle qui en avait fait son premier métier. Et quand ma mère a décidé que son frère devait me donner des cours, c'était la catastrophe assurée.  C'est comme si c'était hier, alors que c'était il y a 24 ans (ouah, le coup de massue, que le temps passe). Je revois ces quelques scènes où son incrédulité devant mon incompréhension devant les exercices m'évoquait les mêmes sentiments de souffrance qque devant ses blagues. Je l'entends encore dire sur un ton exaspéré : "mais qu'elle est nulle !"  

 

Maintenant, avec la connaissance de l'Ennéagramme, j'observe mon oncle et me régale, comme une étude de cas bien concrète sur sa capacité à manipuler son monde, surtout en août dernier où nous nous sommes confrontés devant un problème de construction suite à son initiative et qui a généré des problèmes sur le terrain qui jouxte et que je veux acquérir. Pour expliquer un peu sans rentrer dans le détail, à chaque fois que je l'informais sur ce qu'il fallait faire pour corriger les erreurs de sa construction, il ignorait mes arguments, sortait les siens et changeait subitement de discussion pour couper court à mon intervention et conclure sur sa façon de voir les choses. Cela a été une épreuve très déroutante et difficile à vivre, faire face à cet oncle, à sa capacité à convaincre et à négocier. Je suis restée ferme, aimable mais précise, en lui indiquant qu'il devait m'écouter jusqu'au bout. Je crois que pour la première fois de ma vie, j'ai tenu bon face à lui.  J'ai décidé de ne pas me laisser avoir devant ses faux arguments et sa mauvaise foi, je me suis tenu à mes arguments corroborés par un architecte et un entrepreneur spécialiste. Je pense que je savais à l'avance que si je ne m'appuyais pas sur des arguments de profesionnel, j'aurais des difficultés à le convaincre. Je suis sûre que ma persévérance l'a étonné, venant de moi qui me suis toujours tenu à l'écart des problèmes (désintégration en 9, fuite en avant devant les conflits et incapacité à exprimer mes propos et ma colère). Quelle que soit l'issue de cette confrontation, je pense qu'il a compris qu'il ne pouvait plus me manipuler, ou du moins que je ne fais plus partie de son "clan", comme il l'entendait. Je garde tout de même une grande admiration sur sa formidable capacité à négocier, à manoeuvrer, diriger, conduire ses propos là où il veut amener autrui.

 

Je ne sais si d'autres 6 ont vécu ce genre de relations, j'aimerais bien partager.

[Fabien Chabreuil]

Bonjour Andie,

 

Hélas, hélas, en tant que 7, j'ai déjà eu ce type d'attitude…

 

Très amicalement,

Fabien