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Quand une 4 part en vacances avec un 6


Bridget

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Juste un petit témoignage pour vous montrer combien les mécanismes de l'ego agissent, à notre insu, au quotidien et ce même dans les situations où on ne l'attend pas.

 

Imaginez deux personnes (moi et mon mari en l'occurrence), une de type 4 (moi) et l'autre de type 6 (mon mari), parties en vacances en Vendée pour la première fois ensemble (alors que nos vacances se passent généralement en Bretagne, d'où est originaire mon mari). Je précise que j'aime tout particulièrement la Bretagne, même si mes origines personnelles ne sont pas de là-bas.

 

Je vous donne ces petits détails car ils ont leur importance dans le déroulé de l'histoire qui va suivre. Il est aussi important, pour votre compréhension, de savoir que mon mari est un ancien pompier de Paris, métier qu'il a exercé pendant 15 ans, il ne sait pas trop comment "tellement il était peureux" selon ses dires.

 

Nous voilà donc en balade sur le chemin longeant la côte, au sud des Sables d'Olonne, et surplombant la mer. Nous décidâmes de nous arrêter sur un banc qui se trouvait là pour admirer le paysage, ce qui, bien sûr, n'était pas sans me plaire, vous vous en doutez.

 

Très vite, je me suis donc toute investie à mes sensations et ressentis intérieurs que je tentais de faire partager à mon compagnon : "C'est super. Comme c'est beau, ces couleurs, toutes ces nuances. Tu vois ces reflets du soleil dans l'eau. Qu'est ce que c'est beau !" Et ainsi de suite pour continuer par "mais on sent que l'on n'est pas en Bretagne, les rochers ne sont pas les mêmes, les couleurs aussi ne sont pas pareilles. C'est beau mais ici, on ne sent pas la terre celte… mais qu'est-ce que c'est beau quand même." Et ainsi de suite.

 

Toute à mes ressentis intérieurs, je n'avais pas fait attention à la venue de deux hommes, d'un certain âge, à côté de nous. Je ne m'étais pas non plus rendue compte qu'un des deux hommes s'était approché très près du bord. Moi, je continuais à décrire mes impression à mon mari qui était, j'en étais sûre, en bon breton, sur la même longueur que moi. Soudain, j'entends : "Il ne manquerait plus qu'il tombe, je ne serais pas dans la m…."

 

Cette remarque a eu sur moi l'effet d'un électrochoc et m'a fait sortir brutalement de mes réflexions de 4. J'ai soudain pris conscience de la situation et ai éclaté de rire, car je me suis rendue compte que j'avais sous les yeux deux mécanismes de deux ennéatypes en action, dont le mien. J'ai pris conscience comment on pouvait être complètement dans les automatismes de son type sans s'en rendre compte :

  • d'un côté, une 4 (moi) toute à ses réflexions intérieures qui peut être en même temps portée et emportée par la beauté du lieu (orientation du 4), et qui a besoin d'exprimer de ce qu'elle ressent, et être, en même temps, attentive à ce qui manque au paysage et donc à son ressenti intérieur pour être encore plus touchée émotionnellement (on n'est pas chez les Celtes !)
  • d'un autre côté un 6 qui écoutait mes débordements émotionnels de 4, mais qui avait lui son attention portée, non pas sur ce qui manque pour vibrer encore plus émotionnellement, mais sur le monsieur qui risquait, selon lui, (il y avait encore bien plus d'un mètre entre l'endroit où se trouvait le monsieur et le bord de la falaise) de tomber. Quand je lui demandais ce qu'il avait dans la tête au moment où il a dit "il ne manquerait plus qu'il tombe, je ne serai pas dans la m….", il m'a expliqué qu'il se demandait quoi et comment faire s'il était arrivé quelque chose à ce monsieur et a ajouté : "Tu comprends, j'ai trop vu de choses dans mon métier pour ne pas envisager le pire."
    Oui d'accord, il a été pompier, mais il est d'abord un 6, et j'ai trouvé qu'il me montrait là une belle démonstration des mécanismes du 6 toujours focalisé sur le danger potentiel et sur les scénarios catastrophes.

Bises à toi Fabien. :surprised:

Bridget (4 mu, aile 3, C +/- S --/+ X +/-)

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Fabien Chabreuil

Bonjour Bridget,

 

C'est chouette l'Ennéagramme. Tu as éclatée de rire en cet instant, là où tu aurais pu te dire qu'il ne t'écoutait pas, que décidément tu étais incomprise, etc.

 

Bises amicales, Fabien

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Bonjour,

 

Quelques commentaires sur le point de vue 6 :

 

1 - Au vu de mon propre fonctionnement, qui me semble généralisable à l'ensemble du type (bref, une projection), il y a chez le 6 un balayage constant de l'environnement à la recherche de situations potentiellement inquiétantes. J'emploie souvent pour exprimer cela l'image d'un anti-virus tournant en tâche de fond sur l'ordinateur.

S'il n'y a pas de situation potentiellement inquiétante, je peux me concentrer sur la tâche principale (par exemple admirer le paysage) jusqu'au prochain "balayage"… ou la survenue d'un élément vraiment inquiétant.

Si le potentiel inquiétant reste un potentiel, je détourne une partie de mon attention vers celui-ci pour surveiller que la situation ne se dégrade pas. Le gros de mon attention reste sur la tâche en cours (le paysage).

Si la situation devient à risque (selon MES critères), mon attention va osciller de la tâche à la situation à risque, voire se focaliser sur la situation en abandonnant la tâche.

 

2 - Bridget, il est probable, au vu de ce que tu décris, que ton mari a gardé des loyautés vis à vis de son travail de pompier. Ne pas porter secours à une personne en situation de risque aurait été une faute professionnnelle à l'époque, et resterait probablement encore un manque à son devoir (d'où le "dans la m…"). Il était donc confronté à une déviance potentielle. Dans ces conditions, il était difficilement évitable que son attention se soit détournée du paysage.

 

3 - Sachant qu'un 6 a, en réalité, besoin (égotiquement) d'envisager le pire, il est possible qu'il ait choisi la profession de pompier pour pouvoir le faire en toute légitimité !

 

Très cordialement,

Bénédicte

Bénédicte (6 alpha, aile 5, C++ S+/- X--)
Dubito, ergo sum (Je doute, donc je suis)

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  • 2 weeks later...

Bonjour Bénédicte,

 

Merci pour ces réflexions tout à fait éclairantes sur les mécanismes du 6.

 

En effet, je suis d'accord avec toi lorsque tu dis qu'"il y a chez le 6 un balayage constant de l'environnement à la recherche de situations potentiellement inquiétantes".

Dans l'épisode que je décris avec mon mari, on se rend bien compte que mon attention à moi, qui suis 4, est portée vers ce qui manque à mon état émotionnel pour être encore plus dans l'intensité du moment présent. Si les rochers avaient pu avoir un aspect plus "celtes", si l'ambiance avait pu être plus bretonne, mon émotionnel s'en serait trouvé être encore mieux. La beauté du paysage me satisfaisait mais mon ego me forçait à porter mon attention sur ce qui me manquait pour être encore mieux, à imaginer des scénarios autres et encore plus intenses pour pouvoir vivre plus intensément à l'intérieurement de moi ce moment.

 

Le plus drôle, c'est que d'un côté il y avait moi toute occupée à tenter, par mes descriptions, d'intensifier mes états intérieurs tout en essayant de les lui faire partager pour que nous soyons deux à vivre intensément ce moment, et de l'autre lui qui en avait rien à faire de mes délires de 4 mais dont l'ego amenait son attention sur une situation potentiellement dangereuse pour l'homme qui se trouvait là et que moi j'avais occulté de ma vision car il n'avait rien à faire dans mon film émotionnel. Mon mari avait son attention portée sur l'extérieur de lui-même car cet extérieur pouvait se révéler menaçant pour sa tranquillité intérieure (et pour la vie de cet homme bien sûr) alors que j'avais mon attention portée sur mon état intérieur car pour moi il était évident que ce monsieur, dont j'avais entrevu la présence, n'était absolument pas en danger.

 

Effectivement, je pense que tu as raison lorsque tu dis que mon mari a gardé des loyautés vis à vis de son travail de pompier. Ne pas porter secours à une personne en situation de risque aurait certes "été une faute professionnelle à l'époque, et resterait probablement encore un manque à son devoir", ce d'autant que dans la famille (à laquelle il est forcément très loyal !), son oncle et son grand-père ont également été sapeur-pompiers de Paris.

Donc la déviance potentielle l'est non seulement vis-à-vis de son devoir, mais aussi de ces anciens collègues et de sa famille.

 

A ce propos, j'ajoute qu'en bon 6, la loyauté de mon mari ne s'exerce pas seulement dans le métier proprement dit, mais aussi au niveau du groupe que représentaient ses collègues. Pour survivre ou pour sauver sa vie et celle des autres, le pompier doit "faire équipe". Le travail en solitaire est prohibé car c'est mettre la vie des autres en danger que de fonctionner seul dans son coin.

 

Dans ces conditions, je te rejoins totalement : il était donc évident que son attention se détourna du paysage qui retenait inversement complètement l'attention de mon ego.

 

Enfin, concernant ta dernière remarque, il est certes possible qu'il ait choisi la profession de pompier pour pouvoir, "en toute légitimité", envisager le pire mais souvent il dit lui-même qu'il ne comprend pas comment il a réussi à faire ce métier pendant quinze ans "lui qui était si trouillard étant petit". Ce métier a aussi été pour lui une façon d'exercer en toute légitimité ses tendances contrephobiques car lorsqu'il me raconte certaines interventions pour feux ou pour fuite de gaz par exemple, il me dit qu'il ne savait pas où il allait chercher ce qu'il lui fallait de courage pour enfoncer une porte alors qu'il ne savait pas si l'appartement n'allait pas lui exploser à la figure par exemple. Son attention devait se porter alors sur les victimes potentielles pour trouver les ressources pour foncer dans le danger comme on se lance dans le vide.

 

Maintenant que je connais l'ennéagramme, je peux dire que ce métier est un métier de 6 tant pour ses aspects phobiques, contrephobiques que pour la loyauté que les hommes ont entre eux ainsi que ce rapport à l'autorité pas toujours évident (je rappelle que les sapeurs pompiers de Paris sont des militaires rattachés à l'armée de terre, contrairement aux pompiers civils).

Bridget (4 mu, aile 3, C +/- S --/+ X +/-)

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