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Eternal sunshine of the spotless mind
Analyse

Eternal sunshine of the spotless mind : Joël BarishJoël Barish (Jim Carrey) : 9

Gentil ! Joël est un type gentil. Il se définit comme cela, et considère que c’est la qualité majeure pour constituer un couple : "C’est quoi ce délire. Je suis le mec le plus gentil qu’elle ait connu.", s’interroge-t-il quand il apprend que Clémentine a décidé de le faire effacer de sa mémoire. S’il aime ou apprécie quelqu’un, c’est que cette personne est gentille. Dès les premières minutes du film, il dit cela de son ex-compagne Naomi, puis ce sera un thème important de sa rencontre dans le train avec Clémentine :

  Clémentine : J’exprime ma personnalité par les teintures.
  Joël : Oh alors ça, j’ai du mal à le croire.
  Clémentine : Tu me connais pas, alors qu’est-ce que t’en sais ?
  Joël : Excuse. Je voulais… Je voulais seulement être gentil.
  Clémentine : Ouais. [Elle lève les yeux au ciel et se rassoit dans son siège.] D’accord.
    [Long silence]
  Clémentine : [Elle se redresse.] Au fait, je m’appelle Clémentine.
  Joël : Et moi Joël.
  Clémentine : Salut Joël.
  Joël : Salut.
  Clémentine : On se moque pas de mon nom. Oh non, c’est pas ton genre. Toi, t’es un mec gentil.
  Joël : J’ai… J’ai aucune raison de me moquer.
    […]
  Clémentine : C’est pas écrit sur ma figure, et pourtant je suis une sale peste pleine de rancune.
  Joël : Non. Je te vois pas du tout comme ça.
  Clémentine : Pourquoi tu me vois pas comme ça ?
  Joël : J’en sais rien. Parce que… J’en sais rien. Je… T’as l’air, euh, gentille.
  Clémentine : Ah ! Gentille maintenant ! Tu ne connais pas d’autre adjectif. J’ai pas besoin de gentillesse. J’ai pas besoin d’être gentille. J’ai pas besoin non plus qu’on soit gentil avec moi.
  Joël : OK. Ça va.

Dans cette même scène, apparaît immédiatement la compulsion d’évitement des conflits de Joël. Dès que Clémentine manifeste un quelconque désaccord, soit il cède, soit il change de sujet de conversation, soit — et c’est le plus fréquent — il s’excuse :

  Joël : Bon d’accord. Excuse-moi. Clém ! Je le pensais pas. C’est vrai.
  Clémentine : Tes clés. J’en ai plus besoin.
  Joël : J’étais… en colère ou agacé. Je ne sais pas.

"Je ne sais pas", "Je ne sais pas quoi dire", on entendra régulièrement ces phrases au cours du film, expression coutumière des 9 qui montrent ainsi la passion de paresse et la compulsion d’oubli de soi. Elles font de Joël quelqu’un de peu disert :

  Clémentine : T’es plutôt du genre silencieux, toi.
  Joël : Excuse-moi. Je… J’ai pas une vie très intéressante. Je vais bosser, je rentre. Je sais pas quoi raconter. Tu devrais lire mon journal. Y a… Les pages sont toutes… blanches.

On sent bien là le désespoir lié à la répression du centre instinctif. À propos de ce même journal, Clémentine lui dit : "Pourquoi tu l’écris si tu n’as aucune pensée, ni aucune passion, ni aucun amour ?"

Comme tout 9, Joël vit la colère du centre instinctif. Le plus souvent, elle est réprimée ou très rapidement refoulée. Elle peut aussi s’exprimer, de manière assez typique, quand il est seul et en se défoulant sur des objets : "Pourquoi ? Pourquoi ? Pourquoi ?" crie-t-il seul dans sa voiture en tapant sur le volant.

En plus d’une certaine difficulté à agir ("Je ne suis pas quelqu’un d’impulsif"), les reproches que Clémentine fait à Joël sont ceux qu’on fait traditionnellement à un 9 relativement peu intégré : "Peut-être que tu trouveras un vieux rocking-chair pour y mourir tranquille." De manière excessive, elle le décrit ainsi à Lacuna : "Je ne supporte même plus de le regarder. Ce sourire pitoyable de chiffe molle qui a tout le temps l’air de s’excuser, cette tronche de pauvre chien battu, vous voyez ?"

Identification avancée : Joël est un 9 α de sous-type sexuel ("Union").

Eternal sunshine of the spotless mind : Clémentine KruczynskiClémentine Kruczynski (Kate Winslet) : 4

"Sa personnalité est telle qu’elle peut vous emmener loin des banalités de la vie. Elle est un incroyable météorite brûlant qui vous emmène dans un autre monde, un monde où les choses sont excitantes", dit Joël de Clémentine. La banalité, c’est ce qui angoisse le plus Clémentine et dès qu’elle se pointe, il faut se débrouiller pour mettre du piquant dans la vie :

  Clémentine : T’es plutôt du genre silencieux, toi.
  Joël : Excuse-moi. Je… J’ai pas une vie très intéressante. Je vais bosser, je rentre. Je sais pas quoi raconter. Tu devrais lire mon journal. Y a… Les pages sont toutes… blanches.
  Clémentine : C’est vrai ? Et ça te rend triste ? Ça t’angoisse sûrement. Moi je m’angoisse si je sais que je vis pas ma vie à fond. Tu vois le truc ? Rien qu’à l’idée de pas profiter d’un max de choses et de perdre ne serait-ce qu’une seconde du temps qu’il me reste.
  Joël : Oui, c’est ce que je me dis aussi.
  Clémentine : Ouais. [Ils rient] T’es vraiment un mec gentil.
  Joël : Oh !
  Clémentine : On va arrêter de rabâcher ça. La prochaine fois, je t’épouse. J’en suis sûre.
  Joël : Euh… D’accord.

Même quand elle fait des choses qui pourraient sembler ordinaires, Clémentine veut leur donner un côté original, aussi bien dans les faits que dans le vocabulaire : "Je préparerai un pique-nique. Oui, un pique-nique de nuit. Les pique-nuit, ça n’a rien à voir."

Le quotidien est insupportable. Clémentine ne travaille pas chez Barnes & Noble ; elle y est "esclave depuis cinq ans". Alors, elle sublime ses émotions en faisant des poupées avec des pommes de terre et en utilisant des couleurs étranges ("Ruine bleue", "Agent Orange") pour sa coiffure ou ses vêtements. Ce travail sur son image est bien évidemment une quête d’identité :

  Clémentine : J’exprime ma personnalité par les teintures.
  Joël : Oh alors ça, j’ai du mal à le croire.
  Clémentine : Tu me connais pas, alors qu’est-ce que t’en sais ?

En bonne 4, elle ne supporte pas que Joël croie savoir ce qu’elle vit ou ressent. D’ailleurs, elle ne le sait guère elle-même, le centre émotionnel variant en permanence : "Je suis incapable de dire ce que je vais aimer dans la seconde qui suit." En conséquence, elle passe son temps, comme dans la première scène du train, à attirer et repousser Joël que cela déstabilise profondément.

Derrière une extraversion un peu agressive, se cache mal une mauvaise estime de soi. Quand elle invite Joël chez elle la première fois, elle lui prépare un cocktail Ruine Bleue assorti à ses cheveux, et lui dit : "Vas-y, bois mon grand. Comme ça la partie séduction te semblera moins répugnante. [Joël est interloqué. Rire forcé.] Non, je déconne. Remets-toi." Bien plus tard, elle lui demandera, inquiète : "Joël ? Est-ce que je suis moche ? Quand j’étais petite, je me trouvais moche. […] J’avais des jouets, des poupées. Ma préférée, c’était la moche. Celle que j’avais appelée Clémentine. J’arrêtais pas de lui crier dessus : ’Faut pas que tu sois laide ! Sois jolie !’ C’est bizarre. Je me disais que si j’avais le pouvoir de la transformer, moi aussi je changerais comme par magie."

Les relations que Clémentine a avec Joël sont typiques du couple 4-9. Clémentine sait bien qu’elle n’est "qu’une pauvre fille déboussolée qui cherche sa propre paix intérieure". Joël la lui apporte : sa gentillesse et sa tranquillité apaisent Clémentine, mais en même temps son ego ne les supporte pas : "Je ne supporte même plus de le regarder. Ce sourire pitoyable de chiffe molle qui a tout le temps l’air de s’excuser, cette tronche de pauvre chien battu, vous voyez ?" Inversement, Joël aime le piquant que Clémentine met dans sa vie, tout en y résistant égotiquement.

Identification avancée : Clémentine est un 4 α de sous-type sexuel ("Compétition"), même si les instincts conservation et social sont aussi visibles.

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description du film