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Le journal de Bridget Jones
Analyse

Le journal de Bridget Jones : Bridget JonesBridget Jones (Renée Zellweger) : 9

La chose le plus frappante chez Bridget est certainement le mécanisme de défense du type. Elle boit… trop. Elle mange… trop. Elle fume… trop. Bref narcotisation à tous les étages ! Certes, elle prend régulièrement la décision de freiner, mais passion de paresse et fixation d’oubli de soi ne lui laissent guère la possibilité de persévérer dans ses bonnes résolutions.

Bridget a aussi toute l’acceptation passive d’un 9 peu intégré. Elle porte stoïquement l’horrible robe à fleurs que lui a achetée sa mère, même si elle en connaît les effets dévastateurs sur son image : "Magnifique ! La tenue qui fait tapisserie.", dit-elle intérieurement. Car intérieurement, elle se dit beaucoup de choses sur les gens qui l’entourent et sur sa vie, mais les énoncer à haute voix provoquerait des conflits qu’elle ne peut assumer.

Ainsi, elle supporte qu’un ami de la famille, grotesque et libidineux, se fasse appeler Oncle Geoffrey et saisisse la moindre occasion pour lui mettre la main aux fesses. Pas plus qu’elle ne réagit quand Mark la décrit à sa mère comme une "vieille fille frappée d’incontinence verbale, qui fume comme un pompier, boit comme une éponge et s’habille comme sa mère."

Certes Bridget ose de temps en temps une petite pique : "Au fait, aujourd’hui, c’est un mariage sur quatre qui finit en divorce ou un sur trois ?", demande-t-elle au dîner où elle se retrouve seule célibataire au milieu de quatre couples. Mais elle le fait dans un contexte où le conflit n’est pas possible.

Elle peut même river son clou à Daniel : "Si rester ici sous-entend travailler à dix mètres de vous, je préfère me faire embaucher pour torcher le cul de Saddam Hussein." C’est dit fermement, mais calmement, sans colère apparente.

Il est d’ailleurs significatif qu’aucune de ses gaffes, et Dieu sait qu’elle en fait beaucoup, ne lui vaut jamais d’agressivité en retour.

L’oubli de soi devient presque caricatural sous stress. Bridget rentre de la fête "Pasteurs et catins" et n’a pas pensé à enlever son déguisement. Dès qu’il s’agit de faire quelque chose de vraiment personnel, comme séduire Daniel à une soirée, elle demande les conseils de ses amis et les suit.

Au plus fort du stress, quand elle pense avoir perdu Mark, elle a une de ces phrases confuses et hypnotisantes dont les 9 ont le secret : "Je suis désolée. Je suis vraiment désolée. Je ne le pensais pas. Enfin je le pensais. Mais j’étais tellement idiote que je ne pensais pas à ce que je pensais."

Identification avancée : Bridget est un 9 μ à aile 1 de sous-type conservation ("Appétit").

Le journal de Bridget Jones : Mark DarcyMark Darcy (Colin Firth) : 5

Avocat spécialiste des droits de l’homme, Mark montre dès sa première apparition son refus du papotage inutile, la passion d’avarice du 5 — avarice de soi, ici —, et la capacité du type à protéger son intimité et définir ses limites :

  Mère de Bridget : Vous vous souvenez de Bridget ?
  Mark : [Silence.]
  Bridget : Peut-être… pas.
  Mère de Bridget : Elle courait toujours toute nue sur votre pelouse. Vous ne vous rappelez pas ?
  Mark : [Glacial.] Non. Pas tel quel. [On apprendra plus tard qu’en fait il se souvient parfaitement et ne cherche là qu’à couper court.]

Quand Bridget essaye de poursuivre la conversation, cela tourne au cauchemar :

  Bridget : Alors ?
  Mark : Alors…
  Bridget : Donc vous avez passé le réveillon chez vos parents ?
  Mark : Oui, et vous ?
  Bridget : Ah ! Non, non, non. Je suis allé à une fête hier soir à Londres et aujourd’hui, j’ai un peu la gueule de bois. Je rêve de me planquer aux petits coins la tête dans la cuvette comme tout individu normal. [Elle rit.] Résolution du Nouvel An : moins boire. Oh ! Arrêter de fumer. Hum. [Elle s’aperçoit qu’elle a un verre d’alcool dans une main et une cigarette dans l’autre.] Ah ! Et tenir ses bonnes résolutions du Nouvel An. [Elle rit.] Et arrêter de parler à tort et à travers à des inconnus. En fait, arrêter de parler… tout court. Point barre.
  Mark : [Il a écouté la tirade sans une réaction verbale, ni non verbale.] En fait, vous devriez peut-être aller manger quelque chose. [Il s’éloigne.]

Le pire pour lui est que son métier et sa position sociale l’obligent à assister à de nombreuses festivités auxquelles il participe avec tout le détachement du 5. Par exemple, il est invité à la fête "Pasteurs et catins" : "J’ai amené Natasha. On va travailler un peu pour dire qu’on n’a pas complètement perdu notre temps ce week-end." Il se retrouve aussi à la soirée de promotion de La Moto de Kafka :

  Bridget : Mais qu’est-ce que vous faites là ?
  Mark : C’est justement la question que je me posais.

Les amis de Bridget disent de lui que c’est "un handicapé du sentiment", "un pisse-froid". Il est hésitant dès qu’il s’agit de parler de lui-même :

  Bridget : J’ai des excuses à vous présenter à propos de Daniel. Il a dit que vous vous étiez enfui avec sa fiancée et que vous lui aviez brisé le cœur. Il a dit ça.
  Mark : Ah… Non, c’était plutôt le contraire. En fait, c’était ma… ma femme. Mon… cœur.

Il a une manière très particulière de dire à Bridget qu’elle lui plaît, froide et factuelle, faisant irrésistiblement penser aux déclarations de John Nash dans Un homme d’exception :

  Mark : Écoutez. Je vous prie de m’excuser… si j’ai été…
  Bridget : Quoi ?
  Mark : Je ne vous prends pas pour une demeurée. Je ne prétends pas nier qu’il y ait une certaine part de ridicule en vous. Votre mère est assez étonnante, et vous êtes d’une nullité épouvantable quand vous parlez en public, et vous avez tendance à laisser tout ce qui vous passe par la tête sortir par votre bouche sans beaucoup vous préoccuper des conséquences. J’ai conscience que lorsque je vous ai vu à la dinde au curry, je me suis montré d’une grossièreté impardonnable et que je portais un pull à tête de cerf dont ma mère m’avait fait cadeau la veille. Toujours est-il que… Ce que je m’efforce de vous dire, d’une façon très confuse, c’est que… à vrai dire… malgré ce que les apparences peuvent laisser croire, c’est un fait, je vous aime beaucoup.
  Bridget : Oh ! Mis à part que je fume pas mal, que je bois autant, que j’ai une mère pas sortable. Oh ! Et une diarrhée verbale.
  Mark : Non. Je veux dire que je vous aime beaucoup… telle que vous êtes.

Il est tout aussi direct quand il s’agit de la repousser :

  Bridget : Je vous remercie de m’avoir invitée.
  Mark : Je n’y suis pour rien. Je suppose que ce sont mes parents.

Mark est un 5 α à aile 4 de sous-type sexuel ("Confidence").

Le journal de Bridget Jones : Daniel CleaverDaniel Cleaver (Hugh Grant) : 7

Chez Daniel, tout est sujet à amusement. Il rugit en faisant vrombir le moteur de sa voiture. Il fait du canotage en récitant des poèmes obscènes qu’il attribue à Keats. Au bureau, il surprend Bridget à téléphoner à une amie au lieu de travailler :

  Bridget : C’est Richard l’infâme qui déconne. C’est qu’un pauvre hypotrophié du bulbe et du zob. [Elle s’aperçoit que Daniel est juste devant son bureau.] C’est ce que certains peuvent penser… de cet auteur. Mais ils font une grossière erreur. La Moto de Kafka présente une vision fulgurante des blessures que notre siècle a infligées à la masculinité traditionnelle. C’est absolument "asimovesque". Je vous remercie d’avoir appelé, Monsieur Leavis.
  Daniel : [Il lui remet une liasse de documents.] La liste des invités pour le lancement du livre.
  Bridget : Ah.
  Daniel : [Il s’éloigne, s’arrête et se retourne.] Heu… Frank Raymond Leavis ?
  Bridget : [Elle hoche la tête affirmativement.] Hum.
  Daniel : Waoh ! Quoi ? Le Frank Raymond Leavis qui a écrit Civilisation de masse et culture minoritaire ?
  Bridget : [Elle hoche la tête affirmativement.] Hum. Hum.
  Daniel : Le Frank Raymond Leavis qui est mort en 78 ? Oh ! Stupéfiant. [Il retourne dans son bureau.]

Même quand il fait l’amour, la plaisanterie vient vite :

  Daniel : [Il découvre que Bridget a mis une gaine destinée à donner l’apparence d’un ventre plat.] Putain ! Voilà une culotte absolument hallucinante !
  Bridget : Nom de Dieu ! Merde !
  Daniel : Non ! Non ! T’excuse pas. Je suis conquis.
  Bridget : Oh !
  Daniel : Viens là, maman ! [Il l’embrasse.] Tu m’excuses, il faut que je la revoie.

Ses plaisanteries deviennent sarcastiques dès qu’il s’agit des autres et plus particulièrement de Mark. Celui-ci est affublé du sobriquet de "Darcy le ranci" — le goût du 7 pour les rimes —, et Daniel se moque de lui à la moindre occasion :

  Mark : J’ai amené Natasha. On va travailler un peu pour dire qu’on n’a pas complètement perdu notre temps ce week-end.
  Daniel : Que c’est intéressant ! Quelle vie palpitante tu mènes !

On comprend bien que c’est là pour Daniel un moyen de (se) masquer sa culpabilité de lui avoir pris sa femme (Rationalisation inconsciente : c’est un tel crétin qu’il le méritait bien.).

En dehors de ses plaisirs, peu de choses intéressent Daniel, surtout pas la souffrance des autres et du monde :

  Bridget : Qu’est-ce que tu penses de la situation en Tchétchénie. C’est un cauchemar, non ?
  Daniel : Je m’en contrefous, Jones.

Évidemment, Daniel a par-dessus tout peur de l’engagement :

  Bridget : Daniel ? Qu’est-ce qu’on fait au bureau ?
  Daniel : Ah ! Je suis content que tu poses la question. C’est une maison d’édition, ce qui signifie que des gens écrivent des choses pour nous. Ensuite, on imprime toutes les pages qu’on attache ensemble pour obtenir ce qu’on appelle communément un livre.
  Bridget : [Elle rit.] Non. Tu crois que les autres vont se rendre compte ?
  Daniel : Se rendre compte de quoi ?
  Bridget : De nous. On travaille ensemble, on couche ensemble…
  Daniel : Attends une seconde. On se calme. Ça a commencé mardi et on est jeudi. C’est peut-être un peu tôt pour parler d’une longue histoire.

À la fin, il le reconnaît clairement : "Tout allait tellement vite. L’hôtel, la fête, la présentation aux parents. J’ai paniqué." Mais c’est trop tard…

Daniel est un 7 α à aile 6 de sous-type sexuel ("Imagination").

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