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Un beau jour
Analyse

Melanie Parker (Michelle Pfeiffer) : 1

Les premières scènes du film nous montrent l’énergie et l’hyperactivité de Melanie. Elle travaille tout en prenant son (frugal) dîner, emporte ses dossiers dans son lit et s’endort avec eux. C’est que, divorcée, Melanie est contrainte de mener de front l’éducation de son fils Sammy et une carrière professionnelle dans un cabinet d’architecte qui ne s’intéresse guère aux problèmes personnels de ses employés.

Une telle situation n’est facile pour personne, mais Melanie la complique en cherchant à être totalement, absolument et entièrement irréprochable dans ces deux contextes. Jusqu’à ce beau jour où elle rencontre Jack, elle y est plutôt bien arrivée et a tendance à s’en vanter ce qui exaspère son entourage. Liza, sa sœur, saute sur la première occasion de le lui rappeler :

  Melanie : Tu es ma sœur, alors tu dois prendre [Sammy]. Il faut que tu m’aides.
  Liza : Tu es si parfaite. Tu trouveras une solution.

Quand elle parle, Melanie ne sait guère employer de phrases qui ne contiennent les expressions "Il faut" ou "Tu dois", quand elle ne cumule pas les deux comme dans la demande précédente. Elle s’est inventée et s’invente en permanence toute une série de règles qui dirigent sa vie :

  Sammy : Pourquoi tu cognes pas sur la porte ?
  Melanie : On ne cogne pas sur la porte de jeunes mariés.

Ses règles, ses exigences, elle les impose en permanence aux autres. Elle ne peut pas prendre un taxi sans dresser la liste des rues que le chauffeur ne doit pas prendre. Quand elle fixe un rendez-vous par téléphone à Jack, elle termine par un sec : "À l’heure !" Quand elle s’inquiète pour les enfants restés dans la garderie, elle téléphone à Jack : "Ils doivent quitter le centre. Il faut les prendre tout de suite."

Même à la fin du film, quand Jack et elle se sont déclarés leur attirance mutuelle et qu’ils sont en train de s’embrasser, elle éprouve soudain le besoin de prendre la situation en main : "Minute ! Faisons les choses bien ! […] Je veux ressembler à une femme." Et les instructions suivent : Jack doit l’attendre "sur le canapé, la tête en arrière, les yeux fermés". "Oui, chef", rétorque-t-il mi-accablé, mi-attendri.

Quand il s’agit de son fils, s’ajoute à son perfectionnisme son anxiété de mère. Alors que Jack doit le garder pendant une heure dans le courant de l’après-midi, elle téléphone pour préciser ses consignes :

  Melanie : J’ai oublié de vous dire que Sammy est allergique aux endives et aux coquillages. Autre chose, je lui interdis les séries japonaises. Tenez-lui la main en traversant. Tant pis s’il râle, c’est trop dangereux. Oh ! Et puis aussi, si vous l’amenez au jardin, vérifiez bien le bac à sable, on y trouve parfois des horreurs. Et aussi… C’est tout. [Elle raccroche.]
  Jack : [Atterré] Bien.
  Melanie : [Contente d’elle-même] Bien !

Pour Melanie, cette attitude est tout à fait normale. Se conduire ainsi, c’est simplement être responsable et on a là une de ses valeurs-cultes : "J’exige des gens super-responsables pour garder mon enfant." ou "Vous savez ce que je déteste, c’est les gens qui font porter le poids de leurs péchés sur le monde entier sauf eux. Je trouve ça atterrant."

Conséquence normale de tout cela, Melanie est toujours au bord de la colère parce que les autres ne font pas assez bien :

  Le maquettiste : Ce sera pas parfait.
  Melanie : Ça, c’est rien.
  Le maquettiste : Je te connais. Tu m’en voudras à moi si c’est pas parfait.

Cette colère, envers les autres ou envers son fils lors d’une de ses nombreuses bêtises, est rarement manifestée directement. Melanie se rend donc peu compte du fait qu’elle n’est pas très facile à vivre. "Elle a du venin." dit d’elle Jack. Et Rita, sa propre mère, renchérit : "C’est qu’elle peut vous faire hurler de souffrance comme un bain d’orties tellement elle énerve les gens."

De toute façon, 1 oblige, Melanie n’a de temps pour le plaisir et les relations que si tout ce qui doit être fait a été fait :

  Jack : Vous avez des amis ?
  Melanie : J’ai pas le temps d’en avoir.

Pour quelqu’un comme Melanie perdre Maggie la fille de Jack, c’est la faute, l’horreur absolue, la faillite de tous ses principes et de toutes ses valeurs. Elle craque dans le commissariat : "Je l’ai trahi et, regardez, j’ai même pas payé mon trimestre à la mutuelle." On notera que pour un 1 tout est également grave.

Identification avancée : Melanie est un 1 de sous-type conservation ("Anxiété").

Jack Taylor (George Clooney) : 7

Le caractère de Jack est quasiment l’opposé de celui de Melanie, et c’est un des ressorts classiques de la comédie romantique que cette répulsion et cette attirance des contraires.

Pour lui, le portrait est rapidement brossé dès le début du film. Son appartement est un joyeux chantier, et son ex-femme, Kristen, dresse son portrait : "Toujours la même histoire. Tu veux bien être un père un week-end sur deux, mais assumer tes responsabilités, tu trouves ça obscène. […] Pourquoi c’est toujours à moi d’être adulte pendant que tu joues au mioche ?" Mais pour Jack, une telle phrase est presque un compliment. Il assume et revendique son côté enfantin :

  Melanie : Vous savez, c’est dur d’être un enfant.
  Jack : C’est vrai ! C’est un art !
  Melanie : Vous êtes expert.

Effectivement, jouer comme un enfant est chez Jack une constante et aussi un moyen de détourner les problèmes. Quand Kristen lui demande de garder Maggie pour une semaine, il tente d’échapper à la difficulté en se lançant dans un jeu de poursuite avec sa fille : "Je vais t’attraper mon petit spaghetti ! À la casserole !" Il continuera ce jeu pendant que Kristen essaye de l’informer sur ce qu’il doit faire de Maggie pendant qu’il la gardera. À la fin du film, quand il n’ose pas dire à Melanie qu’il l’aime, il essaye ainsi de s’échapper :

  Melanie : Vous disiez que j’étais belle à vous taper contre le mur. Je cite.
  Jack : C’était un gag.

Comment réagir autrement puisque dans la vie, rien n’est bien grave. Quand Jack arrive avec Melanie et les deux enfants au port et qu’il s’aperçoit qu’ils ont vraisemblablement manqué le bateau, il déclare avec un visage hilare : "C’est la misère totale !" Immédiatement l’optimisme reprend le dessus : "Vite ! Si on se dépêche, je suis sûr qu’on l’aura." A priori, Jack estime que tout doit bien se passer. Quand il laisse Maggie en garde à Melanie, il est tranquille :

  Melanie : Pour Maggie, vous avez des choses à me recommander ?
  Jack : Non, non. Je me fie entièrement à vous.

Quel que soit le problème, l’humour et l’amusement sont la solution. Quand sa fille doit l’attendre, il lui propose : "Pendant que je fais mon papier, tu as une seule chose à faire. C’est d’écrire la liste d’au moins six cents trucs rigolos à faire après." Lorsque Sammy doit se faire enlever par un médecin la bille qu’il a insérée dans une de ses narines, Jack a la solution : "Tu n’auras qu’à penser à des tas de choses drôles."

Jack ne manque pas une occasion de taquiner Melanie :

  Jack : Allo ?
  Melanie : C’est moi.
  Jack : Moi qui ?
  Melanie : Vous avez les gosses ?
  Jack : Quels gosses ?
  Melanie : [Elle se dresse, affolée] Vous les avez pas repris au centre ?
    [Les deux enfants se mettent à hurler.]
  Jack : Ah ! Ceux-là ?
    […]
  Jack : [Ton affolé] Sammy ! Fais attention à ça ! C’est pas un jouet ! [Prenant un ton rassurant] Il est pas chargé.

Ne pas être capable de cette joie légère est la tare absolue : "Frank Burroughs est un fouille-merde, un nul sans humour, un sale con." Dans ce domaine, Melanie n’est pas idéale :

  Melanie : Je vous taquinais.
  Jack : J’en doute.

Aussi par deux fois, Jack donnera des consignes très strictes à sa fille : "Sois pas comme elle quand tu seras grande."

Jack a toujours une idée, un plan ou un projet. Il se débrouille pour faire sa séance de psychanalyse avec sa fille en utilisant un langage codé qui donne des phrases hilarantes et surréalistes : "Ce poisson a du venin. Elle a un gâteau sec aussi." À la fin de la journée, il monte rapidement un prétexte pour retourner chez Melanie.

Jack ne supporte pas de souffrir et ne supporte guère la souffrance des autres. Quand il récupère sa fille en train de jouer avec des chatons, il prend le temps la convaincre de venir avec lui à la conférence de presse du maire dont dépend sa carrière et finit par adopter l’un d’eux, Bob.

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