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Didier
Analyse

Didier (Le chien Elliot et Alain Chabat) : 0

L’intérêt majeur du film est qu’Alain Chabat joue un chien tout à fait crédible. Nous rendons donc hommage à son superbe travail en ne lui attribuant pas de type dans l’Ennéagramme. Cela n’empêche pas les auteurs de ce site d’avoir trouvé le type des chats qui ont ensoleillé leur vie… et qui faisait d’eux des êtres humains tout à fait crédibles ! Cette page est donc dédiée à Bibi un 7, Mélisande une 9, et Micha une 8.

Jean-Pierre Costa (Jean-Pierre Bacri) : 6

Costa est un mental. L’important dans la vie est de comprendre, de savoir, de penser. Ceux qui n’y arrivent pas sont vite catalogués, ce sont des "cons". Cela va de ce "con de clebs" à ces "gros cons de nazis" en passant par tous les autres, car Costa ne fait pas dans l’indulgence : "Je ne sais pas chez toi, mais chez nous on a un sacré paquet de connards." dit-il à Didier. Cela peut même s’appliquer à lui quand il se surprend en flagrant délit de non-raisonnement : "Mais ouais ! Mais ouais ! Mais pourquoi je prends ce tunnel ? Je sais qu’il y a toujours des travaux. Pourquoi je prends ce tunnel ? Putain, je suis trop con."

Évidemment la transformation de Didier est un coup dur pour son esprit logique et son besoin de savoir, et il faut absolument trouver une explication : "Je sais pas. Je comprends pas. Comment tu veux expliquer cela ? Un jour, tu es un chien et le lendemain, tu es un homme. Je crois même pas à ce que je viens de dire. La seule explication, c’est comme les trucs bouddhistes. C’est une réincarnation, mais en super-accéléré. Ou les univers parallèles". Comme il ne réussit pas à se convaincre lui-même, l’inextricabilité logique de la situation le plonge dans le désarroi : "Tu sais, on sait pas tout. Les hommes, ils savent pas tout. On sait des trucs, mais on sait pas tout. [Silence.] On sait pas tout."

Du centre mental, Jean-Pierre a aussi l’humour. Celui-ci se manifeste dès le début du film à l’aéroport :

  Annabelle : J’ai oublié mes Endormyl. Je vais arriver en vrac.
  Jean-Pierre : T’as qu’à te bourrer la gueule. C’est pareil…

Bien évidemment, cet humour devient facilement une ironie cinglante : "Les impôts, ça évoque quelque chose pour toi ? Tu sais, les petites feuilles que tu reçois, avec une somme à payer dessus."

6, Jean-Pierre s’intéresse aux lois : "Est-ce qu’il y a une loi qui interdit d’appeler son chien Didier ? Non !" Quand il a accepté l’idée de vivre avec Didier, il commence par fixer les règles : "Ça, on dit que c’est ton assiette.", la procédure d’utilisation des toilettes, "C’est très important. On ne sent pas le cul quand on ne connaît pas."

En tant que 6, Jean-Pierre vit la passion du type, la peur. La peur est mentionnée à propos de la connerie des autres :

  Jean-Pierre : On est mal. On est mal. Il faut trouver une solution. Vite.
  Charly : Pour ?
  Jean-Pierre : Tu me fais peur, des fois.

Parfois, elle est seulement ressentie et plutôt que de se l’avouer, il la projette sur les autres de manière totalement inappropriée :

  Jean-Pierre : Richard, je peux très bien comprendre qu’il y ait de votre part comme une sorte d’appréhension ou d’inquiétude, mais…
  Richard : C’est pas qu’il y ait comme une sorte d’appréhension ou d’inquiétude, c’est qu’il y a comme une sorte de sentiment de se faire enfler.
  Jean-Pierre : C’était pas l’intention de départ.
  Richard : Tu me rassures.

Cette peur ne l’empêche pas de se révolter dès qu’il a l’impression de détecter une oppression, de préférence envers ceux qui sont sans défense. À Jean : "Mettre une plume dans le cul à un chien, c’est dégradant." À Coco, l’adjoint de Richard :

  Jean-Pierre : On n’est pas obligé de dire "con de nègre" et tout ça.
  Coco : Attends, on rigole.
  Jean-Pierre : Ah pardon. J’avais pas compris. Super-drôle.

Il trouve alors même le courage d’affronter Richard : "C’est pas un bourrin. C’est un être humain. Arrêtez de parler des gens comme ça. Ça ne me plaît pas ça."

Ce soutien des faibles se manifeste aussi quand il découvre Didier dans son appartement et qu’il n’a pas encore compris qu’il s’agit du chien. Il l’accueille avec douceur, l’habille… Cette gentillesse de Jean-Pierre est cachée derrière ses raisonnements, son humour, son cynisme. Comme cela peut arriver à tous les types non émotionnels, son intérêt pour les autres n’est pas perçu. Maria lui reproche d’avoir toujours quelque chose à lui demander, et Charly, son collaborateur, lui demande : "Depuis quand tu t’intéresses aux autres ?" L’arrivée de Didier dans sa vie est le révélateur qui lui permet enfin d’exprimer ses émotions.

Identification avancée : Jean-Pierre est un 6 α.

Richard (Jean-Marie Frin) : 8

Richard est un petit chef mafieux assez caricatural qui réagit à tout problème par la colère, la menace ou la violence comme un 8 en désintégration. Cela commence dès l’entorse qui touche un des joueurs de Jean-Pierre :

  Richard : Jean-Pierre, tu t’étais foutu un genou en l’air il y a un moment. Ça va mieux ?
  Jean-Pierre : Ça va. C’est il y a dix ans.
  Richard : Tant mieux. Ce serait dommage qu’il se recasse.
  Jean-Pierre : Pourquoi il se casserait ?
  Richard : Trouve-nous vite une solution. [Silence de deux ou trois secondes] J’ai dit vite. Qu’est-ce que tu fous là ? Tu veux un café ?

Quelques jours plus tard, dans la boîte de nuit qu’il possède, Richard confirme : "Je n’ai pas envie de m’énerver parce que ça sert à rien de s’énerver. En résumé, on perd le match à Paris, tu es mal. C’est le même tarif pour toi, Coco. C’est toi qui m’as présenté Jean-Pierre, je te rappelle. Alors pour toi aussi, il vaudrait mieux qu’on gagne." Un peu plus tard : "C’est vendredi soir, on est tous amis. Mais le match, c’est mercredi. Quatre jours." Puis pendant le match quand il croit que son équipe va perdre : "Ça serait bien qu’on se recroise pas."

Quand Jean-Pierre et Didier viennent chez lui pour la première fois, Costa prévient Didier : "Richard, il est très très méchant."

Du 8, Richard a aussi la prise de décision rapide. Quand Didier sauve sa fille de la noyade, il décide immédiatement de renvoyer l’ascenseur et de l’accepter comme joueur.

Identification avancée : Richard est un 8 α à aile 7 de sous-type social ("Protection mutuelle").

Annabelle (Caroline Cellier) : 8

Annabelle a toute la puissance, l’énergie d’un 8. Dès la scène initiale de l’aéroport, elle est excessive : elle manifeste de la colère, elle fait une mini-démonstration d’arts martiaux ("C’est magnifique ces mouvements. Tchac !"), elle s’exprime de manière directe et plutôt verte ("Et puis c’est quand même le plus beau cul d’Hollywood").

Quand elle rentre de voyage et que Didier lui saute dessus de joie de la revoir, elle réagit immédiatement et l’assomme. Elle commente à Jean-Pierre : "Faut pas trop me chercher quand même."

Lorsque Jean-Pierre cherche comment il va pouvoir annoncer à Annabelle qu’il ne peut pas lui rendre son chien, il dit à Didier : "Je lui dirais que tu es mort. Que tu t’es fait écraser. [silence] Non, mort, elle me tue."

Annabelle est très intuitive. Elle pressent la transformation de Didier et exige la vérité :

  Annabelle : Ne me prends pas pour une conne. D’accord ? Où est mon chien ?
  Jean-Pierre : Ne hurle pas.
  Annabelle : Je hurle. Je hurle si j’ai envie de hurler. J’estime que j’ai droit à un minimum de respect, et le respect ça commence par la vérité. Alors dis-moi où est mon chien.
  Jean-Pierre : D’accord. Tu veux la vérité ?
  Annabelle : Oui.

Annabelle est aussi très concrète. Elle accepte la situation avec une facilité étonnante : "J’en étais sûre. Je l’ai senti. Je sais pas, je savais." Immédiatement, elle fait un câlin à Didier exactement comme s’il était encore un chien.

Identification avancée : Annabelle est un 8 μ à aile 7 de sous-type conservation ("Survie")

Autres

D’autres personnages peuvent être étudiés à l’aide de l’Ennéagramme :

Coco (joué par Michel Bompoil), l’adjoint de Richard, est un 3.

Maria (jouée par Isabelle Gelinas), la petite amie de Jean-Pierre, est de toute évidence une émotionnelle et plus probablement un 2 :

  • Elle défend les valeurs émotionnelles avec Jean-Pierre ("Avec toi, dès qu’on est gentil, on est simple.") et avec Didier ("Ça m’a fait du bien de rencontrer quelqu’un d’humain après tout le nombre d’égoïstes qu’on peut se croiser dans une journée.").
  • Elle développe une relation purement non verbale avec Didier.
  • Elle reproche à Jean-Pierre de ne la contacter que quand il cherche de l’aide, réaction assez typique d’un 2 sous stress ("Je suis un peu fatiguée d’être là simplement quand tu as besoin de moi.").
  • Elle est plutôt positive et optimiste : elle ne supportait pas sa colocataire irlandaise toujours déprimée ("J’ai craqué. Je l’ai virée.").

Charly (joué par Lionel Abelanski), l’adjoint de Jean-Pierre, est très caricatural et ses motivations réelles ne sont pas exposées. Il peut être un 7 ou 9 par son évitement des conflits ("J’essaye de dédramatiser") et sa difficulté à se concentrer sur une tâche même importante (L’entraîneur lui dit : "T’es jamais à ce que tu fais. Quand on fait un truc, il faut toujours que tu parles d’autre chose. Toujours.")

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